Comment la dictature mafieuse de Ben Ali a-t-elle pu durer 23 ans ? D’abord et avant tout parce qu’elle a été soutenue à bout de bras par le capitalisme mondial et par les différents gouvernements français en particulier. Il y a plus de 1000 entreprises françaises en Tunisie et la France est, de loin, son principal partenaire commercial.
(...) Du jour au lendemain, le président Ben Ali a perdu tous ses titres dans la presse et chez les dirigeants de la planète pour être enfin considéré comme un mafieux (...)
L a détermination du peuple, le fait que la révolte soit partie de régions pauvres, traditionnellement oppositionnelles (Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa), expliquent la chute rapide de Ben Ali. Le syndicat UGTT a toujours subi les convoitises du pouvoir et ses dirigeants stipendiés ont régulièrement appelé aux réélections bidon à 90% du dictateur. Cette fois, un comité directeur issu de la base a contraint la direction nationale à coordonner grèves et manifestations, y compris par la grève générale. Malgré le très grand nombre de policiers, le refus de l’armée de tirer (après quand même une centaine de morts) a provoqué la fuite désordonnée du clan Ben Ali qui n’a pas eu le temps d’emporter toute la caisse. La bourgeoisie tunisienne s’est aussitôt ressaisie et s’est mise à cracher sur Ben Ali, l’accusant de tous les maux pour mieux garder le pouvoir. (...)
Les véritables opposantEs (chômeurs/ses, ouvrierEs, paysanNEs, avocatEs, jeunes, femmes, hommes …) ne s’y laissent pas prendre et rejettent un "gouvernement" dont les principaux membres doivent toute leur richesse et leur carrière à la dictature. La mise à plat du système passe par la création d’une Constituante. (...)
Pour le peuple tunisien bien sûr mais aussi pour tous les pays arabes car cette insurrection montre que dictature et corruption ne sont pas inéluctables. D’Alger à Amman, du Caire à Khartoum ou à Sanaa, les manifestations se réclament de la révolution tunisienne. Notre solidarité envers tous ces peuples est entière. La révolution tunisienne, en montrant que les mobilisations déterminées peuvent aboutir, nous apporte aussi un message d’espoir et une leçon syndicale dans la gestion par la base des manifestations et des grèves, y compris de la grève générale.(...)