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Rémi Mathis (Wikimedia France) : « Le droit à l’oubli viole la liberté d’information »
Article mis en ligne le 7 septembre 2014

Quelques mois après la décision de la Cour Européenne de Justice sur le droit à l’oubli, la Fondation Wikimedia n’avale toujours pas la pilule. Au départ, cet arrêt était destiné à donner aux internautes la possibilité de faire oublier quelques aspects de leur vie passée pour pouvoir en redémarrer une nouvelle.?

La vie numérique étant quasiment infinie, la méthode de la justice repose sur le déréférencement d’informations dans les moteurs de recherche, dont le principal est évidemment Google qui a déjà traité 70 000 demandes concernant 250 000 pages web.
Pour Wikimedia, qui gère entre autres Wikipedia, l’enfer est pavé de bonnes intentions. En effet, la principale victime de cette décision est le droit de s’informer. Car, si cette possibilité d’oubli est une nécessité pour un grand nombre d’anonymes, dont les plus jeunes, elle représente un risque.

Dès l’annonce de cette décision, plusieurs associations, dont RSF et Wikimedia, ont alerté sur des dérapages. (...)

pour M. Mathis, « s’attaquer à Wikipedia, c’est s’attaquer à la liberté de la presse. » (...)

Sur Wikipedia, ne sont publiées que des informations vérifiées et éditées par des sources fiables. Ainsi, s’attaquer à Wikipedia, c’est attaquer la liberté de la presse. Nous considérons cela comme une vision assez dangereuse de l’information. (...)

Comme partout, il faut faire attention, mais notre communauté respecte des règles strictes pour éviter les erreurs ou les ragots. Une information ne paraitra sûre que si elle est pertinente et qu’elle permet de comprendre le parcours d’une personne. Mais nous avons des cas où on nous critique un peu facilement.
Je pense au cas de Caroline Fourest qui se plaignait de sa fiche dans les médias. J’ai repris l’article avec elle point par point. Elle est devenue plus modérée et a admis que rien n’était faux. En fait, elle aurait préféré que d’autres évènements soient mis en avant. Elle aurait pu les commenter ou les expliquer dans les pages de discussion que nous avons créées pour ça. Il faut apprendre à utiliser notre service. Et puis, comme pour les autres médias, Wikipedia réclame aussi un esprit critique. (...)

el les wikipédiens n’ont pas vraiment de pouvoir.
Si le fait de dire que tel personnage politique a eu tels ennuis judiciaires dans sa carrière devient illégal, c’est un véritable problème citoyen, c’est un problème vis-à-vis de la connaissance et de l’information. Il faut se demander quel type de société on veut. Il est normal que les personnes publiques cherchent à faire effacer les casseroles qu’elles trainent. Mais est-ce une avancée démocratique ? J’en doute.
Et puis rappelons que Wikipedia est un projet international et l’arrêt de justice ne concerne que l’Europe. Mais si un article sur une personnalité française est écrit par un québécois ou un sénégalais sur un espace francophone, sera-t-il soumis au droit à l’oubli ? C’est une question qui se pose. (...)