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Qui a peur des classes populaires ?
Article mis en ligne le 23 janvier 2019
dernière modification le 21 janvier 2019

Le directeur de la Schaubühne de Berlin, Thomas Ostermeier, fête le cinquantenaire de 68 en réinventant pour la scène et l’écran le « Retour à Reims » de Didier Eribon.

Oubliez tout ce que vous avez toujours cru savoir sur les rapports de l’art et de la politique : c’est à l’espace Cardin jusqu’au 16 février.

Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage de Reims, D. Eribon est aujourd’hui professeur d’université et son œuvre est reconnue internationalement. Seul de ses frères et sœur à lire Sartre et Marx sous le regard des siens, qui déjà jugeaient qu’il trahissait, il est devenu un intellectuel parce que c’était aller au bout de la solitude, au bout de la trahison qu’était aussi son homosexualité, cette rupture radicale avec la Famille.
« L’important n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu’on a fait de nous » : cette phrase de Sartre autorise le jeune homme à accomplir une « rééducation complète de soi-même ». Devenu le biographe remarqué de M. Foucault et l’ami de P. Bourdieu, l’ex-provincial élabore une réflexion originale, sociologique, philosophique, sur l’identité gay qu’il s’était construite, séduit les universités américaines, puis françaises.

Longtemps il n’est plus revenu à Reims. Et puis son père atteint de la maladie d’Alzheimer est hospitalisé.

Le professeur est pris d’angoisses de mort, qu’il interroge dans un récit autobiographique très distancé et analytique qu’il publie en 2009 (Fayard). Le professeur comprend que cette menace imaginaire, c’est celle qui pèse réellement sur l’espérance de vie des siens : la violence des dominants qui mutile le corps des dominés. Mais pourquoi avoir privilégié le questionnement de l’identité sexuelle et occulté la question sociale – et cette amputation qu’a été l’arrachement à son milieu social d’origine ? (...)

50 ans après 68, où en est-on avec la question des classes sociales ? Comment réinventer aujourd’hui un art engagé ? (...)