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Quelles banques de développement, pour quoi faire ?
Article mis en ligne le 10 septembre 2014
dernière modification le 3 septembre 2014

Eurodad, réseau européen sur la dette et le développement, a récemment publié un rapport sur les banques dites de « développement » multilatérales et bilatérales |1|. L’auteure Maria José Romero y analyse le poids économique, le rôle et les conséquences de l’action de ces institutions relativement peu connues.

Le contexte des banques de développement multilatérales et bilatérales

Les banques multilatérales dont il est question dans le rapport sont la Société financière internationale (SFI), institution membre du groupe Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque asiatique de développement (BAsD). Quant aux bilatérales mentionnées, elles sont au nombre de 12 qui proviennent des principaux pays européens.

Dès 1956, la Banque mondiale mettait sur pied une institution spécifique, la Société financière internationale (SFI), destinée au financement de projets d’entreprises privées dans les pays dudit Tiers Monde, investissements qui ont pris de plus en plus d’envergure au fil du temps.

En plus de leur participation aux institutions financières internationales et leurs agences de crédit à l’exportation, les pays du Nord ont mis sur pied des banques de développement prétendument censées aider au financement et développement des économies locales par l’appui aux petites et moyennes entreprises voire même aux très petites entreprises. Quinze institutions financières bilatérales de développement font partie de l’Association européenne des banques de développement (European Developement Finance Institutions - EDFI).

Un secteur en croissance (...)

La question est de savoir si leur action telle qu’elle est menée actuellement peut-elle avoir un réel impact positif sur le développement. C’est ce que nous allons voir maintenant.

Développement des peuples ou des actionnaires ?

Pour la période 2010-2013, les pays à faibles revenus n’ont reçu que 5,5% des investissements de la SFI. Pire, sur la période s’échelonnant entre 2006 et 2010, près de la moitié des fonds engagés ont servi à appuyer des entreprises originaires de pays membres de l’OCDE |2| et certaines dans les paradis fiscaux.

Par ailleurs, près de 40% des entreprises sont des multinationales cotées en bourse. (...)

Quid des droits humains ?

Le respect des droits humains ne compte pas parmi les préoccupation de ces institutions. La SFI a ainsi financé une entreprise hondurienne active dans l’huile de palme et l’agrobusiness alors que celle-ci avait été plusieurs fois accusée d’assassinat, de kidnapping et d’éviction forcée de paysans de leurs terres. Plus largement, le contexte même du Honduras pose problème puisque le président démocratiquement élu, Manuel Zelaya, a été renversé par un Coup d’État en 2009, ce que la SFI ne pouvait ignorer ! (...)

Des banques de "développement" au service des entreprises du Nord

La plupart des banques membres de l’EDFI ont été mises sur pied après les décolonisations pour protéger leurs intérêts dans leurs anciennes colonies et continuent d’agir dans cette optique. L’existence de ces banques bilatérales est une aubaine pour les entreprises du pays d’origine qui peuvent ainsi bénéficier de prêts à bas taux d’intérêt et remportent souvent le marché au détriment d’entreprises locales. Ce qui entre en contradiction avec l’objectif affiché de soutien au secteur privé national. Il faut dire que les pays soi-disant bénéficiaires n’ont guère voix au chapitre. (...)

Des prêts qui posent plus de questions qu’ils n’en résolvent

Si la SFI divulgue des informations commercialement non sensibles, celles qui le sont d’un point de vue financier ou de relations contractuelles ne sont pas communiquées. Il en va de même pour les banques bilatérales.

Par ailleurs, ces flux de capitaux entrants présentent encore un autre problème, celui de la volatilité des capitaux venus chercher un rendement plus élevé qui fuient le pays dès le moindre signe de difficulté entraînant la paralysie des projets dans lesquels ces investissements ont lieu. (...)