
Ainsi donc, l’affaire serait entendue. La Chine n’aurait de destin possible qu’une domination économique planétaire aussi totale qu’implacable. Le péril jaune, version business : 1,3 milliards d’habitants avides de dépecer l’emploi de gentils Occidentaux. Plus de 2648 milliards de dollars de réserves de change à fin septembre. Un titre de champion mondial de l’export acquis de haute lutte face à l’Allemagne fin 2009. La France ? Hors-jeu, plombée par les vilaines 35 heures, siphonnée par le méchant Etat-providence, et emportée dans un déclin aussi inexorable qu’une bonne courante après un ravioli chinois de la porte d’Ivry. Quant aux Etats-Unis, il ne leur resterait que quelques années avant d’être terrassés à leur tour par l’ogre jaune, premier créditeur du pays (850 milliards de dollars de bons du Trésor).
Il n’est pas question ici de contester la folle croissance chinoise, encore moins la nécessité pour le pays de se développer, mais de regarder ce qui se cache derrière les chiffres. (...)
Le calcul montre toute l’aberration de cette tendance, mode, exigence actionnariale – rayer la mention inutile- qui conduit les industriels occidentaux à s’engager dans le made in China à outrance avec un grégarisme aussi stupide que contreproductif. (...)
La Chine va-t-elle pour autant s’effondrer ? Il y a là un pas que SoBiz, dans sa grande mansuétude, s’abstiendra de franchir. Quoique : même du côté des financiers à cigare, l’hypothèse se fait jour d’une fin anticipée du rêve chinois de toute puissance. Corriente Advisors, un hedge fund basé au Texas, avait déjà prévu l’éclatement des subprimes puis la crise des dettes souveraines européennes ; le nouveau dada du taulier, Mark Hart, c’est que la prochaine bulle à exploser sera celle de la Chine. (...)