Plusieurs dirigeants influents et richissimes comme Elon Musk croient en un écroulement de la natalité qui risque de nuire au futur de la civilisation. Pour le palier, ils veulent que les « bonnes personnes » se reproduisent beaucoup.
Elon Musk aime les enfants. Plus exactement, il aime l’idée d’en avoir beaucoup. Le nouveau dirigeant de Twitter a déjà été père dix fois (officiellement) avec trois femmes différentes. Il est fasciné par la figure de Gengis Khan, guerrier sanguinaire et fondateur de l’empire mongol connu pour ses nombreux descendants, au point de nourrir une rumeur invérifiable sur la présence de ses gènes chez 8 % des hommes d’Asie du Nord. L’obsession d’Elon Musk pour la reproduction n’est d’ailleurs pas un secret. Depuis des années, il dénonce publiquement le déclin supposé de la civilisation à cause de la baisse du taux de natalité (une théorie qui a été démentie à de nombreuses reprises par les démographes, et qui va généralement de paire avec le complot raciste du « grand remplacement »). Ces idées sont très populaires auprès de l’extrême-droite (en France, Eric Zemmour ou Michel Houellbecq évoquent souvent le sujet de la natalité). Elles sont aussi partagées, plus discrètement, par un petit groupe de personnalités du numérique.
C’est ce qu’on apprend dans cette longue enquête (en anglais) publiée la semaine dernière chez Business Insider, dédiée au mouvement pro-nataliste au sein de la Silicon Valley. Pour ses adeptes, il faut faire beaucoup d’enfants et surtout investir dans des nouvelles technologies pour « réinventer la reproduction » : aide à la fertilité, conception d’utérus artificiels, tests génétiques sur des embryons, etc. Le mouvement est logiquement accusé d’eugénisme à la sauce startup. Il s’agit non seulement de se reproduire « mieux », mais surtout de favoriser les projets d’enfants des « bonnes personnes » pour sauver le monde, c’est-à-dire les plus intelligentes (selon leur définition) et suffisamment riches pour s’offrir toutes ces technologies, accéder à des structures type écoles privées ou même un étrange projet de « ville start-up » réservée aux entrepreneur·es et à leurs progénitures. (...)
Franchement flippant ! Et pas franchement étonnant. (...)
Ce mouvement est très visible chez Elon Musk, qui tweete à tout bout de champ sur le « futur de la civilisation » et le rôle qu’il aurait à y jouer avec Twitter (...)
Il ne s’agit pas que de se battre pour une certaine conception de la liberté d’expression. Peter Thiel, cofondateur de PayPal et investisseur éminent de la Silicon Valley, finance depuis longtemps les hommes et femmes politiques américain·es qui représentent ses idées populistes, nationalistes et climatosceptiques. David Sacks, autre ancien de Paypal et conseiller d’Elon Musk dans le rachat de Twitter, croit en l’effondrement de la démocratie. Palmer Luckey, créateur de l’Oculus Rift et précurseur de la réalité virtuelle, rêve désormais de la suprématie militaire de l’Occident et affiche ouvertement ses idées anti-immigration. Sam Bankman-Fried, ancienne star déchue de la crypto, et d’autres élites de la tech se revendiquent « altruistes efficaces ». Selon cette philosophie, « les ultra-riches sont des rouages essentiels de l’amélioration du bien commun », nous explique Numerama, et le potentiel du futur compte davantage que les problèmes du présent, comme le réchauffement climatique et les inégalités économiques. (...)