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Pourquoi le Front national est-il toujours dangereux.
Article mis en ligne le 16 juillet 2011
dernière modification le 8 juillet 2011

Laurent Joly : J’ai récupéré des tracts du Front national publiés à l’occasion des dernières cantonales. Dans tous les départements, il proposait le même programme, avec pour thème central la préférence nationale. Pour le Front national, c’est : droits sociaux pour les seuls Français, non à la construction de mosquées, halte à la corruption au nom d’une morale publique, dans des termes typiques de l’extrême droite antiparlementaire de l’entre-deux-guerres. Le Front national est l’héritier direct de cette famille politique, née au moment de l’affaire Dreyfus et dont l’Action française a constitué la principale école théorique. Engagée contre les élites établies, prétendant parler au nom du peuple, elle oppose le « pays réel » au « pays légal » et dirige ses principales flèches contre les « ennemis de l’intérieur » : les étrangers présents sur le sol de France et ceux qui obtiennent la nationalité française. Marine Le Pen a repris sans hésitation ces thèmes.

Alors que pour le père, Jean-Marie Le Pen, l’antisémitisme était un enjeu, il ne l’est plus pour la fille. Elle sait que l’antisémitisme choque la conscience publique. Pour elle, l’essentiel est ailleurs. Il s’agit de toucher le plus de gens possible avec sa thématique centrale : la préférence nationale et la hantise de l’immigré. D’autre part, elle appartient à une autre génération que celle de son père, dont elle a renoncé aux provocations. Elle tient un discours public en bannissant l’antisémitisme qu’elle sait ne plus être un thème porteur. En 1936, presque la moitié des Français craignait la présence juive et redoutait l’accession de Léon Blum à la tête du gouvernement. Aujourd’hui, si un juif devenait président de la République, il n’y aurait pas un tel rejet, et elle le sait.(...)

L’antisémitisme était et est odieux. A partir du moment où Marine Le Pen lève l’hypothèque de l’antisémitisme, elle permet à des électeurs d’assumer le fait de soutenir le Front national. Dans mon petit village en Alsace, une seule personne avait voté Front national en 1988. Aux dernières élections locales, ils étaient vingt à le faire, alors que la population est passée de 150 à 220 habitants. Aujourd’hui, quand un président de la République et un ministre de l’Intérieur disent que les Français ne sont pas vraiment chez eux, qu’il est des populations inassimilables, cela entraîne une partie de l’électorat. (...) Wikio