On commémore, ici ou là, le cinquième anniversaire des révoltes de novembre 2005. Sans surprise, l’approche dominante dans les médias dominants est au mieux misérabiliste (souvenons-nous, en ce jour d’anniversaire, que ces pauvres banlieusards sont toujours aussi pauvres) et au pire étroitement sécuritaire (dites-nous, messieurs les experts, si risque il y a, ou pas, que ça re-pète !). Ce qui, une fois encore, passe au douzième plan, voire aux oubliettes, c’est d’une part Bouna Traoré et Zied Benna, morts à 15 et 17 ans pour avoir simplement croisé le chemin des forces de police, et d’autre part la dimension politique de l’émeute qui a suivi leur mort, à Clichy-sous-Bois puis dans tout le pays. Il nous a donc paru utile de republier un important texte de François Athané, écrit en novembre 2005 mais hélas toujours actuel en 2010 – plus que jamais pourrait-on même dire, après le lynchage judiciaire des cinq de Villiers-le-Bel en juillet dernier. Il revient sur cette dimension politique, et interpelle par là-même les organisations de la gauche et du mouvement social sur leurs responsabilités. (...)
(...) Brûler des voitures ? Laisser libre cours à sa rage devant l’injustice et l’indécence ? Casser, tout casser ? Nombreux, nous l’avons rêvé. Ils l’ont fait. Je laisse à d’autres la responsabilité de punir ces actes plutôt que d’autres. Je ne me reconnais pas dans cette parodie d’ordre républicain. Je refuse que les prétendus « émeutiers » soient punis de cette façon en mon nom. J’invite ceux qui partagent cette analyse à assister aux audiences des jeunes en comparution immédiate, à manifester notre solidarité à leurs familles et leurs amis, comme aux victimes de toutes les violences de ces dernières nuits, enfin à protester contre l’Etat d’urgence.