
Les négociations de Paris sur le climat, telles qu’elles s’annoncent, ne suffiront pas à maintenir la limite du réchauffement sous les 2 °C. Il revient aux citoyens d’agir et de poser les « lignes rouges » aux actes des gouvernements. Attac publie un guide pour y contribuer.
Les résultats de près de quatre ans de négociations internationales pour parvenir à un accord à Paris en 2015 en vue de la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont désormais connus pour l’essentiel. Après l’abandon de la perspective d’un accord international contraignant et après avoir confié aux États le soin de déclarer leur contributions « volontaires » à la réduction des émissions, les additions sont douloureuses : les promesses de réduction cumulées conduiront à des émissions en équivalent CO2 de 55,5 milliards de gigatonnes (Gt) en 2025 et de 56,7 Gt en 2030. Or un rapport de 2014 du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), construit à partir des données du 5e rapport du GIEC, concluait que pour avoir une chance de rester en dessous des 2 °C, les émissions devaient se situer dans une fourchette entre 40 Gt et 48 Gt pour 2025, 30 et 44 Gt en 2030, 18 et 25 Gt en 2050. (...)
C’est un premier pas, nous dit-on, qui pourra être corrigé après 2020, date de mise en œuvre de l’accord. Or, nous avons appris aussi bien des travaux du GIEC que de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), que les dix prochaines années sont déterminantes pour avoir quelque chance de contenir la hausse de la température terrestre en dessous des 2 °C, limite qui ne doit pas être considérée comme un objectif mais comme « une ligne de défense » dont il faudrait se tenir éloignés le plus possible [1]. Le réchauffement climatique est en effet irréversible et non linéaire : les émissions annuelles se concentrent dans l’atmosphère et cette concentration accélère le réchauffement climatique. C’est pourquoi le dépassement des budgets carbone dans les dix prochaines années, programmé par le futur accord, est un pas de plus vers la non-maîtrise du réchauffement climatique. À moins d’attendre le miracle des projets de capture et de séquestration du carbone, comme l’indique la déclaration commune France-Chine ! (...)
Fixer le cadre d’une justice climatique
Nombre de citoyens, informés et lucides, ont décidé de ne pas attendre et de se passer de ces projets souvent délirants. Ils sont engagés dans un processus de transition qui révèle une prise de conscience de l’effondrement d’une civilisation dévastée par des choix économiques à court terme et par la croyance en la maîtrise absolue de la nature. Des millions d’initiatives concrètes dessinent d’ores et déjà un post-productivisme et une démocratie fondée sur l’horizontalité des coalitions et des prises de décision. Cependant, ces transitions locales, pour s’étendre, se relier, et aboutir à des basculements globaux significatifs ont aussi besoin d’une perspective globale, d’un cadre juridique et politique qui les protège, les renforce, d’un accord international qui réponde concrètement aux risques d’écocide et fixe le cadre d’une justice climatique.
Le guide militant face aux crimes climatiques, publié par Attac, est un outil pour s’inscrire dans ce mouvement, pendant la COP21, à Paris et ailleurs, après la COP21 (...)