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Pollution de l’air : niveaux élevés... oubliés à cause du chantage à l’emploi
Article mis en ligne le 9 avril 2013

L’air est irrespirable, le ciel est blanc de pollution. La qualité de l’air à Paris et dans toute l’Ile de France est restée la semaine dernière aux niveaux 7 ou 8, et a été d’environ de 8 à 9 sur une échelle allant de 1 à 10 en termes de gravité depuis le 23 mars soit près de 15 jours d’affilée.

C’est notamment l’émission de particules PM 10 dues à la combustion de diesel qui est responsable du niveau très élevé de toxicité de l’air que l’on respire. Les PM 10 sont des particules de taille inférieure à 10 µm [micromètres], soit 6 à 8 fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu, et qui pénètrent dans l’appareil respiratoire.

Cette situation n’est pas isolée. Ni géographiquement (les zones de vie de Lyon, Grenoble, Clermont Ferrand, Marseille, Bordeaux, Toulouse notamment subissent le même sort) ni temporellement : l’air est toxique depuis le 23 mars, et 3 jours sur 5 en moyenne depuis des mois, comme selon les relevés du site d’Airparif.

Les effets les plus grave sur la santé sont liés à l’exposition chronique, jour après jour, encore plus qu’aux pics de pollution. (...)

On est tenté de se poser la question de l’inertie des pouvoirs publics. Mais si à ce jour l’Etat n’a rien fait ou presque c’est aussi parce que nous tous, les « gens », préférons un risque réel mais diffus à un nécessaire changement de nos habitudes de vie et de déplacement.

L’absence d’information « poussée » du public est aussi responsable. L’information existe mais est très peu communiquée. Le niveau de pollution pourrait apparaitre chaque jour au même titre que la météo dans les médias nationaux et régionaux. (...)

La réponse est difficile car elle renvoie à l’argument systématiquement opposé en ce moment aux volontés d’action : le chantage à l’emploi dans un pays miné par le chômage.

Pour faire simple, la dialectique développée est :

  • « réglementer la circulation des modèles anciens de Diesel (principaux émetteurs de pollution) = empêcher la mobilité et donc l’accès à l’emploi pour les ménages modestes péri urbains et ruraux »
  • ou bien « taxer le carburant Diesel = gêner la vente des véhicules de cette motorisation = affaiblir encore PSA [Peugeot Citroën] et les emplois associés, salariés et sous-traitants ».

Cette dialectique est fausse et génère l’inertie et la peur des actions publiques.

Les solutions existent, elles demandent du courage politique (...)

 Le renouvellement des véhicules ne suffira pas, il faut que l’Etat encourage de façon incitative et coercitive les « bouquets de solutions » de mobilité (...)

 Il est moins cher pour la collectivité nationale d’aider, même massivement, les ménages modestes à acheter une voiture neuve (encore une fois, stimulation de l’achat de véhicules neufs qui peut être bénéfique aux emplois nationaux) que de supporter les coûts médicaux et sociaux de la pollution de l’air (...)

Agissons : informons le maximum de personnes du niveau de pollution jour après jour, exigeons des pouvoirs publics des actions fortes d’interdiction et d’aide au remplacement des vieux véhicules, de substitution dès que possible du déplacement en véhicule individuel vers un mode collectif ou moins polluant, et changeons pour faire changer les autres. L’air que nous respirons n’est pas seulement la conséquence de nos actions…. mais surtout de celles des autres.