
Les tragédies ont beau transformer la Méditerranée en un vaste cimetière, « l’Europe forteresse » n’apporte pour seule réponse que le déni de sa responsabilité et le renforcement d’une politique répressive aux conséquences désastreuses. En Belgique, comme ailleurs, la lutte des sans-papiers ne reste pas sans voix.
Le surendettement des pays du Sud est à l’origine de l’extrême pauvreté dans laquelle croupissent leurs populations, et ce, malgré toutes les ressources naturelles dont elles regorgent. L’endettement est devenu une forme de recolonisation, imposée par les institutions financières internationales.
La crise de la dette des années 80 a amené le Fonds Monétaires International à imposer à de nombreux pays d’Afrique des Plans d’Ajustement Structurel (PAS). Ce plan inhumain exigé aux pays endettés les a obligé à consacrer plus de 50% de leurs budgets au remboursement de la dette alors que le volet social ne représentait que 5% à peine.
Aujourd’hui les PAS ont changé de forme mais le fond reste le même, il sont remplacés par le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Les budgets de ces pays doivent être conformes aux exigences du FMI traduits dans le DSRP.
Il est inadmissible qu’en plein 21e siècle, les pays du Sud ne soient pas à même de transformer leurs ressources naturelles. La population assiste impuissante au pillage de ces ressources par les multinationales avec la complicité des autorités politiques moyennant corruption. In fine, la population a résolu de fuir l’extrême pauvreté pour aller où elle pouvait vivre dignement.
Les États du Nord ont promis de contribuer au développement des pays du Sud à travers un mécanisme appelé aide publique au développement (APD). Ces États s’étaient engagés à contribuer à hauteur de 0,7% de leur PIB. A ce jour, seuls cinq pays ont respecté leurs engagements. D’après les rapports de la banque mondiale et de l’OCDE, les fonds que les immigrés envoient dans leurs pays d’origines dépassent de loin l’APD que ces pays reçoivent de l’occident. (...)
les passeurs ne sont que la conséquence. C’est bien aux causes qu’il faut s’attaquer. Or aujourd’hui ce sont les discours populistes qui criminalisent les migrants qui se multiplient.
Et les causes on les connaît : guerre en Syrie, dictature en Érythrée et que dire de l’Irak et de l’Afghanistan où la responsabilité de la communauté internationale dans le chaos de ces pays est évidente.
Les mots employés dans les médias et par les politiques sont impressionnants : “Afflux massif” ; “vague sans précédent” ; “invasion”. Mais si on regarde les pays voisins des États qui voient fuir leurs populations, comme le Liban, les chiffres sont beaucoup plus élevés. Il s’agit donc de rester modeste ! On n’est pas envahi de réfugiés !
Quant à la politique d’accueil, les conventions internationales sont claires à ce sujet : les personnes qui demandent l’asile ont des droits. Certes une aide d’accueil est organisée mais il s’agit de la questionner. Il s’agit depuis 2001 d’une aide matérielle, alors que l’aide financière qui était mise en place à l’époque coûtait deux fois moins cher par personne. L’exemple du parc Maximilien est un autre exemple des carences de cette politique d’accueil. C’est une honte pour la capitale de l’Europe d’avoir des camps de réfugiés
Par ailleurs, il faut faire très attention à la distinction qui est faite entre réfugiés et migrants économiques. Ce sont tous des êtres humains avec des bonnes raisons d’avoir quitté leur pays ! De plus il ne faut pas que les sans-papiers soient les oubliés du débat, car une grosse partie des réfugiés qui arrivent aujourd’hui seront les sans-papiers de demain.
Il y a actuellement une série d’injustices qui s’enchaînent : enfermement des immigrants, refus de visa. On s’est petit à petit habitué à ces injustices. Et quelle est la réponse européenne à tout cela. La Commission Juncker propose un système de quota mais les mêmes personnes qui voulaient une réponse européenne (les États membres) ne sont pas d’accord avec ce système de quota proposé. La répartition entre les pays Européens est incluse dans une directive européenne, mais ce n’est pas invoqué par les politiciens. Qu’est-ce qu’ils attendent ?
L’Europe n’a cessé d’appliquer des recettes qui ne fonctionnent pas (contrôle hermétique des frontières…). Il faut essayer autre chose. Quelques exemples :
– octroyer des visas humanitaires aux personnes qui sont bloquées aux pays voisins de la Syrie.
– instaurer des canaux légaux d’immigration vers l’Europe vieillissante.
– A plus long terme : le problème d’immigration n’est-il pas intimement lié aux inégalités dans le monde ? (2/3 de la population mondiale ne profite pas d’une circulation libre). Est-ce que le monde irait tellement moins bien avec une ouverture des frontières, une libre circulation des êtres humains ? Il faut une politique internationale cohérente. (...)