Il y a quelques années, M. Sarkozy proclamait l’écologie comme « conviction ». Il alimente aujourd’hui le climato-scepticisme. Empêchant ainsi le pays de faire face à la réalité.
(...) Je ne démonterai pas, ici, la bêtise et l’ignorance qu’en trois phrases, M. Sarkozy exhibe. Mais constaterai deux faits inquiétants.
Que ce personnage vide de convictions, mais très sensible aux humeurs de son époque, enfourche le climatoscepticisme, signifie qu’il sait entrer en résonance avec un sentiment répandu. Et donc que nombreux sont nos concitoyens à ne pas comprendre et à ne pas accepter la gravité du changement climatique. Ce déni, cette incompréhension attestent que, collectivement, nous ne sommes pas préparés aux temps qui viennent.
Par ailleurs, la saillie du candidat à la présidentielle n’est pas isolée : elle vient après le mot d’un Luc Chatel — le parti Les Républicains « doit être le parti du gaz de schiste et des OGM » — ou les décisions d’un Laurent Wauquiez soutenant Center Parcs et l’autoroute A 45 tout en jouant des chasseurs contre les associations naturalistes. Ces messieurs font le choix de mener une politique destructrice de l’environnement. Le mot de leur chef de bande vient aussi après l’attaque lancée par deux économistes orthodoxes, accusant de « négationnisme économique » ceux qui n’acceptent pas que seule la politique néolibérale soit possible.
La violence des propos et des positions — car le programme économique de M. Sarkozy s’inscrit dans le dogme néolibéral — atteste qu’une partie de l’oligarchie a choisi la guerre sociale : liberté toujours plus grande du capital financier, baisse continue des impôts sur les riches et les grandes entreprises, démantèlement du droit du travail et de la Sécurité sociale, recherche éperdue de la croissance quel qu’en soit l’impact sur l’environnement, refus du changement climatique... Ils s’apprêtent ainsi à jeter de l’huile sur le feu de situations nationales et internationales de plus en plus tendues, parce que l’inégalité devient insupportable à mesure que les tensions économiques et écologiques s’accroissent.
Au moment où M. Sarkozy affichait son climatoscepticisme, deux groupes de responsables produisaient des analyses mieux fondées. Aux États-Unis, un conseil de décideurs militaires a publié une déclaration sur la « sécurité climatique », soulignant son importance pour la stabilité géopolitique : (...)
Quelques jours auparavant, à Bratislava, en Slovaquie, une conférence sur « l’économie verte » avait réuni fonds d’investissement et industriels.
« Le changement climatique pose-t-il un risque systémique ? Je pense que la réponse est oui », déclarait la responsable d’une fonds de pension norvégien, tandis que, pour un de ses collègues néerlandais, « il y aura une transition. Si celle-ci est incontrôlée, elle sera très, très chère ».
Les politiciens démagogues risquent de nous coûter très, très cher.