La contagion des nouvelles formes de lutte semble gagner les grandes villes européennes. Un modèle arabe fait-il école, mobilisant de nouvelles générations contre le chômage et la précarité ? Ces mouvements pourront-ils dépasser l’indignation et trouver les moyens politiques du changement ?
Puerta del Sol à Madrid, Catalunya à Barcelone, Syntagma à Athènes. Ces places de grandes villes européennes ont en commun de rassembler depuis quelques jours ou semaines des manifestants jeunes ou moins jeunes protestant contre les politiques qui produisent de l’injustice sociale, du chômage et de la précarité. Ce n’est évidemment pas un hasard si l’Espagne et la Grèce, deux pays rudement éprouvés par la crise, ont inauguré sur le Vieux Continent ce nouveau mode de manifestation. La ressemblance est frappante avec ce qu’on a appelé le Printemps arabe. Les insurgés de la place Tahrir, au Caire, tombeurs de Moubarak, ont fait école. En France, de timides rassemblements ont eu lieu à Lyon, à Bayonne et à Paris, sur une place « de la Bastille » qui porte déjà un nom de révolution.(...)
ces mouvements ont une autre caractéristique commune : la non-violence et un souci d’auto-organisation qui vise à prévenir tout désordre ou provocation.
Comme dans le monde arabe, la violence, quand elle surgit, est toujours le fait des autorités, jamais des manifestants. On a beaucoup souligné aussi une autre caractéristique : la mobilisation en réseaux, via Facebook ou Twitter. On a également évoqué l’absence de dirigeants politiques ou syndicaux traditionnels. Mais il reste à s’interroger sur les buts de ces manifestations et sur leur avenir, au-delà de l’indignation. La chute des dictatures était l’objectif clair des insurgés des villes arabes. Les manifestants européens des nouvelles « places de la résistance » viseraient-ils une autre forme de « non-démocratie », celle des fausses alternances droite-gauche ?