
Le 6 mai 2010 restera toujours comme l’une des journées les plus étranges que les marchés financiers aient jamais connues. Ce jour-là, à 14h42, le Dow Jones s’effondre soudainement et perd près de 1.000 points en quelques minutes à peine, avant de remonter assez rapidement.
Pendant ce « Flash-Crash », ou krach éclair, le S&P 500 a sombré de 5% en quatre minutes, faisant disparaître environ un millier de milliards de dollars de la surface du globe. Beaucoup ont longtemps soupçonné les traders à haute fréquence (THF), qui achètent et vendent des titres en quelques millisecondes grâce à des logiciels automatiques.
Cinq ans plus tard, la justice américaine fait pourtant arrêter dans la banlieue de Londres un trader de 36 ans qui opérait depuis sa chambre, dans la maison de ses parents. (...)
Extrêmement doué en calcul mental et doté d’une capacité de concentration hors du commun, l’Anglais, diagnostiqué Asperger sur le tard, montre rapidement un certain talent en matière d’opérations boursières. (...)
En 2015, Sarao est arrêté par les autorités américaines qui accusent les manipulations qu’il a utilisées d’avoir été l’un des éléments déclencheurs de la crise de 2010. Pendant sa carrière, Sarao aurait gagné plus de 40 millions de dollars grâce au spoofing.
Pourtant, l’histoire ne s’arrête pas là. En 2015, les sociétés de THF institutionnelles se défendent de toutes responsabilité et chargent Sarao en le présentant comme un mouton noir de la discipline. Une accusation qui leur permet de couvrir par la même occasion le problème plus large de l’extrême liquidité des marchés.
Il n’empêche que s’il reste indéniable que les manipulations du jeune trader ont influencé la crise, ni la justice ni l’Agence de régulation boursière des États-Unis (CFTC) n’ont jamais estimé que Sarao en était le responsable. Le jeune homme demeurera malgré tout le visage qui incarne cette crise à lui tout seul.
Un mois avant le début du confinement, Sarao a finalement échappé à la prison et a été condamné à un an d’assignation à résidence. Quant à sa fortune, elle a disparu au gré de diverses arnaques qu’il n’a su voir venir.