
En quelques jours, l’affaire a pris une dimension européenne. Les autorités politiques et sanitaires peinent à situer la nature et l’ampleur des risques.
Contrairement aux trop précoces assurances données par Stéphane Travert, ministre français de l’Agriculture, l’Hexagone n’a pas été épargné par ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire des œufs contaminés. Son ministère vient de faire savoir que treize lots d’œufs contaminés en provenance des Pays-Bas avaient été livrés sur le sol français « entre le 11 et le 26 juillet ». Deux établissements de fabrication de produits à base d’œufs, dans la Vienne et en Maine-et-Loire, sont concernés. Ni les tonnages, ni l’utilisation ni les destinations n’ont été précisées. De quoi ajouter à l’inquiétude en dépit des propos gouvernementaux rassurant et des quelques données disponibles quant aux risques encourus.
Officiellement, au cœur toxique de l’affaire : le fipronil. Cette molécule phytosanitaire controversée est connue pour être au cœur de la polémique sur la disparition des abeilles. Mise au point en France par la société Rhône-Poulenc en 1987, elle a été commercialisée en 1993 puis revendue à Bayer en 2002 et finalement à BASF en 2003. Moins d’une semaine après le début de cette affaire, tous les éléments convergent pour réveiller la mémoire des derniers grands scandales alimentaires –des scandales nourris par la hantise collective de l’empoisonnement ?
Des millions de poules bientôt abattues ?
Aux Pays-Bas, près de deux cents exploitations néerlandaises sont déjà touchées, des centaines de milliers de poules pondeuses ont été abattues et plusieurs millions pourraient, sous peu, l’être. Cette nouvelle affaire est, après tant d’autres, un symptôme de la grande fragilité des systèmes de production et de distribution des denrées alimentaires de nos sociétés post-industrielles. (...)