
Ils sont « anonymous ». Ils sont légion. Au point de renommer « le mal du siècle » en leurs noms, Pervers Narcissiques. Des initiales qui frappent comme un slogan, et pourtant. Radioscopie du P.N.
Ambiance poissée, malaise diffus. Est-ce sa façon d’éplucher les carottes ? Sa nuque comme dérobée, sa mine voutée ? Cette foulée qui menace en sous bois ? Et quoi, il court, elle cuisine, rien de plus qu’un quotidien anodin.
Lui, c’est Fred bien mis, alerte, agent immobilier de profession. Bobo lambda, trivialement beauf. Elle, Marie. Jolie, frêle, au foyer malgré. Il passe la porte. Amorce deux, trois gestes. Insidieusement pourtant, ça claque déjà.
Ça pourrait être elle. Il s’agit de lui. Le « mal du siècle » n’est ni l’apanage du mâle, ni une argutie fourre-tout qui permettrait de défausser à peu de fais n’importe quel comportement outrancier.
Une existence virtuelle pour un problème réel.
De l’amour comme calvaire
Exhumée, semble-t-il, à l’occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier, la campagne « Fred et Marie » (et la suite : www.marieetfred.be) menée en 2011 et 2012 par la Direction de l’Egalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, buzze sur la toile.
(...) Il y a une stratégie, un narcissisme malsain, perverti, qui transforme l’autre en proie. C’est un vampire qui avance masqué, cherche sans cesse à jouir de son objet, anémie sa proie, exactement comme le chat avec la souris. Un séducteur, un vendeur d’illusions, un prédateur qui s’y prend en trois temps.
La séduction d’abord, dans un fantasme de complétude totale, d’âme sœur.
Le ferrage – la capacité à se rendre indispensable, ce qui entretient la dépendance – ensuite. « Il a tant de qualité par ailleurs » pense alors la victime qui est entrée de plein pied dans une relation toxique. Tout comme l’héroïnomane qui sait bien que sa drogue va le détruire mais ne peut s’en passer.
La destruction enfin. « Tu ne vaux rien », « c’est moi qui t’ai fait », « sans moi, tu n’es rien » etc. Le P.N arrive à accomplir des crimes parfaits en acculant sa victime au suicide.
Quel profil pour la victime ?
N’importe qui n’est pas victime, il y a un terrain favorable. Ce sont des personnes intelligentes, généreuses, extraverties, qui aiment la vie. C’est ce qu’il convoite. Le pervers entre dans le fantasme de l’autre en donnant l’impression de l’âme sœur. Face à cette officielle correspondance, la personne se dit fantastique !
Il s’agit d’une effraction dans l’autre, d’un rapt d’identité. (...)
Comment « endiguer » ce mal ?
Seule reste la prévention : ne faites pas de vos enfants des enfants rois, enseignez leur le manque. Il est nécessaire de rappeler que la fonction parentale n’est pas d’aimer, mais d’éduquer. Il y a une réelle pathologie parentale chez ceux qui ne supportent pas de ne pas être assez aimés par leurs enfants. (...)