
Le Réseau Environnement Santé a dénoncé par un communiqué publié le 2 octobre 2013 les graves conflits d’intérêts entachant la démarche d’un groupe de scientifiques qui a tenté de faire pression sur la Direction Santé et consommation de la Commission européenne, qui semble elle-même céder aux pressions des lobbies qui se mobilisent pour faire obstacle à l’adoption de dispositions rigoureuses qui permettraient de prévenir les dangers que les PE font peser sur la santé publique.
« Le Réseau Environnement Santé s’étonne de la tournure que prennent les discussions sur la future réglementation des perturbateurs endocriniens. Alors que se confirme le non-respect de l’échéance d’élaboration des critères d’identification des perturbateurs endocriniens, fixée par les règlements biocides et pesticides de 2009 à fin décembre 2013, il semble que tous les coups soient permis pour tenter de déstabiliser les fondements mêmes de l’action européenne contre ces substances chimiques dangereuses pourtant qualifiées de « menace mondiale » par les plus hautes instances internationales [1].
Du côté politique, malgré le volontarisme de quelques États-membres comme le Danemark, la Suède, la Belgique et la France dont la SNPE même imparfaite reste une initiative unique en Europe, malgré la résolution du Parlement européen qui « invit[ait] la Commission (...), dans les meilleurs délais, (…) à introduire dans la législation de l’UE une définition claire des substances ayant des propriétés de perturbateur endocrinien » [2], la Commission européenne s’apprête à décevoir les attentes en reportant et en conditionnant toute décision à une « étude d’impact » aux contours encore flous, sinon qu’il s’agit de ne pas nuire aux intérêts industriels [3].
« La Commission européenne ou, du moins, la DG SANCO, censée œuvrer pour la santé et le bien des consommateurs, s’assoit sur l’application des lois pesticides et biocides et choisit d’appliquer le principe de précaution … au business car sait-on jamais quels intérêts privés pourraient être mis à mal par les folles exigences de protection de la santé publique » ironise Yannick Vicaire, chargé des questions européennes au Réseau Environnement Santé. (...)
Dans un éditorial publié le 27 août par Environmental Health Journal [8], le rédacteur en chef et chercheur Philippe Grandjean posait la question des « conflits d’intérêts » non-déclarés dans l’article de Dietrich et de ses co-rédacteurs ; la journaliste d’investigation Stéphane Horel y répond dans un article paru le 23 septembre dans Environmental Health News [9].
Selon son enquête, 17 des 18 scientifiques « ont collaboré avec l’industrie chimique, pharmaceutique, cosmétique, et celles du tabac, des pesticides ou des biotechnologies. Certains ont bénéficié de financements d’associations industrielles. D’autres ont travaillé comme consultants ou conseillers ». (Enquête de Stéphane Horel : http://www.stephanehorel.fr/perturb...)
Le RES est très inquiet que l’on décrédibilise la science en lui faisant jouer, dans cette affaire ou dans d’autres, des rôles toxiques.
« Certains s’abritent derrière l’acquisition de preuves scientifiques pour s’adonner à la procrastination politique ; d’autres cachent derrière le terme de ’bonne science’ celle qui sert uniquement les intérêts de l’industrie et les dogmes de la fuite en avant technologique et de la croissance économique » s’insurge Yannick Vicaire, « pour les intérêts de la protection de l’environnement et de la santé publique, la science ne serait donc jamais suffisamment bonne ou suffisamment concluante ». (...)