
En France, les liens entre citoyenneté, nation et empire sont historiquement ambigus. Dès la proclamation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en 1789, la question se pose de limiter la citoyenneté aux frontières de l’Hexagone ou de l’étendre aux divers peuples de l’empire hérité de l’Ancien Régime. C’est par crainte d’une réaction royaliste ou de l’invasion de la riche colonie de Saint-Domingue par un autre empire que la nouvelle République décide d’accorder la citoyenneté aux « gens de couleur » libres, puis d’abolir l’esclavage en 1793. Lorsque Napoléon tentera un retour en arrière à Saint-Domingue, la rébellion se muera en guerre d’indépendance. Dans les autres colonies, il faudra attendre 1848 pour voir les esclaves libérés et accordés le statut de citoyen.
(...) Décentralisation, fédération, confédération ? Le champ politique de l’après-guerre est marqué par de longs débats au sujet du nouveau cadre à donner à l’empire – appelé l’Union française à partir de 1946 et la Communauté française après 1958 – et par nombreux conflits. Unanimes dans leur détermination à mettre un terme au colonialisme du passée, les dirigeants, à Paris comme en Afrique de l’Ouest, explorent plusieurs modèles sans envisager que les anciennes colonies puissent un jour devenir des Etats-nations indépendants.(...)