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Charlie Hebdo
Parents menottés et tabassés, enfants emmaillotés : Varsovie, embarquement immédiat !
Article mis en ligne le 7 août 2013

En provenance de Tchétchénie, Bekhan et Belita Mejidov, ainsi que leurs deux enfants — Ramyi, 2 ans et demi, et Riyad, 3 ans et demi —, arrivent à Nantes en février dernier. Comme de nombreux demandeurs d’asile, ils connaissent pendant plusieurs semaines l’errance entre la rue et l’hébergement d’urgence avant de bénéficier enfin d’une chambre d’hôtel en avril, ce qui permet la scolarisation en maternelle de Riyad à Saint-Sébastien-sur-Loire.
Pour venir en France, où plusieurs membres de leur famille ont obtenu le statut de réfugié ou même la nationalité française, les Mejidov ont transité par la Pologne. Il n’en faut pas plus pour qu’ils soient déboutés de leur demande d’asile et que la France demande leur réadmission en Pologne, premier pays européen par lequel ils sont entrés dans l’UE. Pourtant, Belita Mejidov a le corps couvert de cicatrices, mais il faut croire que, puisque « le changement, c’est maintenant », certains motifs de demande d’asile sont devenus moins valables que sous Sarkozy.
Le 2 juillet, la famille est convoquée à la préfecture de Nantes pour s’entendre annoncer son assignation à résidence dans l’attente d’un vol vers Varsovie le 11 juillet. Terrifiés par ce retour forcé vers un pays où le droit d’asile est systématiquement bafoué et n’a que peu de chances d’aboutir, les Mejidov ne se présentent pas à l’embarquement. La préfecture de Loire-Atlantique met alors immédiatement fin à leur hébergement. Mais, à la suite d’un recours contre cette réadmission, la famille regagne l’hôtel avec l’accord de la préfecture, qui renouvelle le contrat d’hébergement jusqu’au 24 juillet.
Alors que la famille dort encore, le dimanche 21, à 7 heures, une vingtaine de policiers font irruption dans la chambre. Les parents et leurs deux enfants sont emmenés au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes. Le lendemain, à 4 heures, nouveau réveil brutal par les policiers du CRA pour un départ contraint vers l’aéroport. Bekhan hurle son refus de partir. Les policiers renoncent à leur sinistre besogne, non sans avoir proféré les menaces habituelles : « La prochaine fois, on utilisera la force »
Le 24 juillet, le tribunal administratif de Rennes confirme le placement en rétention, au motif que l’enfermement des deux enfants est légal, puisque leurs parents ont refusé à deux reprises d’embarquer… C’est l’application stricto sensu et sans la moindre humanité de la circulaire Valls du 6 juillet 2012, qui préconise l’enfermement des enfants, dès lors que les parents refusent de quitter le sol français !
Traumatisés par la brutalité de ces intrusions policières et leur enfermement, Riyad et Ramyi présentent des troubles du sommeil et de l’appétit. Les deux petits garçons ont le triste privilège, selon un décompte approximatif et sans doute incomplet, d’être les 10e et 11e enfants enfermés depuis la publication de la circulaire Valls…
Mais leur calvaire n’est pas fini.(...)