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le monde diplomatique
Paradoxes de l’effet placebo
Article mis en ligne le 6 avril 2019
dernière modification le 5 avril 2019

Le remboursement de l’homéopathie pourrait être remis en cause par le gouvernement français, qui a demandé à la Haute Autorité de santé de statuer sur la question. Pour comprendre le succès des médecines non fondées sur des preuves, il convient de mettre en lumière les effets de contexte dont elles savent tirer profit, quand la médecine savante est souvent contrainte de les subir.

Une publication scientifique de premier plan rapportait en 2007 la mésaventure d’un homme de 26 ans victime d’une très sévère chute de tension, admis aux urgences en sueur et tremblotant. Le patient explique que, après une dispute avec sa petite amie, il vient d’avaler vingt-neuf comprimés d’antidépresseurs. Ces médicaments lui ont été fournis dans le cadre d’un essai clinique de nouvelles molécules devant durer deux mois. Après l’injection de six litres de solution saline, son état reste inquiétant. On lui révèle alors qu’il vient de faire une « overdose de placebo », la substance qu’il a ingérée étant tout à fait neutre. En moins d’un quart d’heure, il retrouve ses esprits et une pression sanguine normale... (...)

Même les nourrissons sont sensibles aux stimulations placebos, ainsi que la plupart des animaux domestiques et d’élevage.

À l’inverse, le contexte de l’administration d’une substance peut avoir des conséquences négatives : l’effet nocebo, dont fut un temps victime le jeune homme qui tentait de se suicider. En 1983, par exemple, le British Stomach Cancer Group a proposé à 411 patients un nouveau traitement de chimiothérapie, en précisant que des nausées et une perte des cheveux étaient probables. Plus de 30 % d’entre eux ont effectivement perdu leurs cheveux, et 56 % ont rapporté des vomissements... alors que le traitement n’avait pas commencé. Seul un placebo avait été administré. (...)