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Outre-Mer : Emmanuel Macron confisque les micros et le débat sur le chlordécone
Samuel Gontier
Article mis en ligne le 5 février 2019

Pendant que les experts de BFMTV dissertaient sur le “renouveau” d’Emmanuel Macron, France Ô retransmettait vendredi dernier le grand débat du président avec des élus d’Outre-Mer. Où sa position sur le chlordécone ne s’est pas plus renouvelée que celle sur l’ISF.

« Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. » Emmanuel Macron parle du chlordécone. « Sinon, on alimente les peurs. » En attendant, le président alimente l’indignation des élus ultramarins, réunis vendredi dernier à l’Elysée pour un numéro spécial du Grand débat national retransmis en intégralité sur France Ô. Joël Beaugeande, maire de Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe, intervient : « Le petit médecin de campagne que je suis vous affirme que de nombreux Guadeloupéens et Martiniquais sont malades de la chlordécone et meurent quotidiennement. »

Le chlordécone, c’est cet insecticide proche du DDT dont la France a autorisé l’épandage dans les bananeraies jusqu’en 1993 alors que la plupart des pays l’avaient depuis longtemps banni, sa dangerosité ayant été prouvée dès les années 1970. Le sénateur Victorin Lurel prend à son tour la parole pour s’étonner : « Vous invalidez les résultats du professeur Blanchet, du CHU de Pointe-à-Pitre, et de Luc Multigner, de l’Inserm. » « Mais Blanchet disait clairement que c’était cancérigène ? », demande Emmanuel Macron. Le sénateur confirme, il en a lui-même discuté avec l’intéressé, l’a écouté dans un colloque. « C’est l’étude Blanchet de quelle année ? », insiste le président.

Comme Victorin Lurel ne sait pas le préciser, Emmanuel Macron déduit : « Le malentendu vient de là. Vous faites référence à ce que le professeur du CHU a pu dire. C’est pas ce que j’appelle une étude scientifique dans une revue avec comité de lecture. C’est une déclaration. » Ça ne vaut rien. Et puis c’est qui, ce Blanchet ? « C’est une déclaration publique qui peut inquiéter, insiste le président, moi je n’en connais pas le statut. » De quel droit le chef du service oncologie du CHU d’un territoire dont la population compte sept fois plus d’occurence de cancers de la prostate que la moyenne mondiale pourrait-il donner son avis sur le chlordécone ? (...)

Pendant que ces échanges se déroulent sur France Ô, les experts de BFMTV débattent de la question : « Y a-t-il un nouveau Macron ? » Sur le sujet du chlordécone, pas vraiment. Le président avait suscité la même polémique en tenant à peu près les mêmes propos lors de son voyage aux Antilles, en septembre dernier. Le présentateur interroge une invitée de circonstance. « Ericka Bareigts, là je m’adresse à l’ancienne ministre des Outre-Mers, quel regard vous portez sur ce qui se passe ? Il y a une forme de fraîcheur, peut-être ? Qui vous satisfait, euh, la parole qui circule à travers tout le pays ? » C’est beau, c’est doux, c’est frais… C’est Emmanuel Macron.