
Il n’est plus autorisé en France, mais BASF fabrique toujours pour l’exportation le pesticide tueur d’abeilles Régent TS. Les Faucheurs volontaires ont rendu visite à la multinationale le 1er juin.
D’une main, un apiculteur a répandu une poignée d’abeilles mortes sur une ruche marquée d’une croix blanche. De l’autre, il a actionné un enfumoir à la fumée âcre. Convoi symbolique et funéraire, l’ancienne colonie d’abeilles a été transportée par des Faucheurs volontaires d’OGM sur un brancard devant l’usine BASF à Genay mercredi 1er juin. Situé à une poignée de kilomètres de Lyon, ce site industriel de l’un des plus grands groupes de produits chimiques du monde fabrique 658 pesticides différents. En combinaison de protection intégrale, une petite quarantaine de militants ont marqué le pas devant un cordon de gendarmes dépêchés en urgence. Et pour cause : à l’occasion d’une « inspection citoyenne » — une intrusion illégale dans l’établissement — le 4 mars dernier, la veille d’une action plus imposante, les faucheurs avaient pris en photo des fûts de Régent TS, un insecticide controversé. Ce produit est interdit à la vente en France depuis 2004. Son principe actif, le fipronil, n’est plus autorisé comme pesticide dans l’Union européenne depuis 2017. Il est considéré par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) comme présentant « un risque aigu élevé » pour les abeilles.
Jusqu’à récemment, sa production à destination des marchés étrangers était toujours autorisée : notamment à destination du Brésil, de l’Afrique du Sud et de l’Australie. (...)
Deux mois après leur première incursion dans l’usine, l’apiculteur à la retraite et les faucheurs sont revenus pour dénoncer la fabrication de ce pesticide en dépit de la loi censée y mettre fin. (...)
une nouvelle étude sur les conséquences économiques de l’arrêt de la commercialisation est nécessaire pour chaque produit chimique, avant de fixer par arrêté interministériel une date définitive d’interdiction totale. Mais le cadre et le calendrier de cette évaluation ne sont pas encore établis, explique le ministère de la Transition écologique à Reporterre (...)
En attendant cette évaluation sans date, la production et l’exportation de Régent TS est « toujours autorisée à titre provisoire », confirme le ministère. (...)
Derrière ce flou, les militants écologistes devinent la possibilité d’une échappatoire pour les fabricants de pesticides. « Le Régent TS a déjà été interdit. Pourquoi faudrait-il désormais tout ce processus pour l’interdire définitivement ? », s’interroge Jean-Luc Juthier, tête de pont des faucheurs sur ce dossier. (...)