
Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ?
Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini »...
...L’idéologie libérale fait croire que la liberté, c’est l’absence de limites. Les limites, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de liberté. La non-reconnaissance des limites nous soumet au mouvement permanent, nous oblige à suivre le sens du courant. Accepter les limites, c’est se donner la possibilité de bifurquer. Il faut déployer des trésors d’inventivité et de créativité individuelle, sociale, politique, pour arriver à tracer un chemin dans ce monde effondré. C’est plutôt enthousiasmant. Nous devons reconstruire une maison et non pas seulement repeindre les murs en vert. La conquête spatiale, je peux la regarder de ma télévision, cela ne me concerne pas. Mais pour reconstruire ce monde-là, je peux exercer mon autonomie, ma créativité, ma liberté de choix....
...De toutes les résistances qui foisonnent dans le monde, aucune n’est insignifiante à partir du moment où elle invite à un premier pas de côté. Un pas de côté à la fois simple et difficile, mais infiniment libérateur. Beaucoup de mouvements progressistes avaient tendance à hiérarchiser les luttes. Il n’y a pas de résistances mineures. Nous assistons à l’effondrement d’un monde, d’une civilisation. Aucune résistance n’est insignifiante dès lors qu’elle permet de reconstruire du commun entre les humains, et du commun avec la Terre....