
Sa femme enceinte restée à Paris, il est expulsé, la police ne le laissant pas prouver ses dires. C’était pourtant faisable en deux appels.
Le 19 avril, Aleksandr Trevogin est à la sous-préfecture de Boulogne-Billancourt pour une raison administrative toute bête : il doit s’assurer que sur tous ses papiers, Aleksandr est orthographié comme ça, et pas « Alexander ». C’est ce qu’on lui a dit de faire à l’agence de Pôle emploi, où il voulait s’inscrire après avoir obtenu la promesse d’un titre de séjour. Ce citoyen russe y a droit car il est marié à une apatride.
Enceinte de bientôt sept mois, Anastasia, sa femme, est à ses côtés dans la file d’attente. Quand leur tour arrive, le fonctionnaire du guichet leur dit que c’est à son responsable de traiter cette demande orthographique, et qu’il va le chercher. Le couple attend. Le chef ne viendra pas. A la place, trois policiers (...)
A sa question inquiète, les policiers répondent qu’il y en a pour vingt minutes maximum. Trois semaines plus tard, la galère dure toujours pour Aleksandr, expulsé le 28 avril à Moscou, et sa femme, restée à Paris avec leur fille de 6 ans.
Car une fois au commissariat, les policiers annoncent à Aleksandr Trevogin que son nom n’est qu’un alias, qu’il s’appelle en fait Andrey Larchenko, et qu’à eux, on ne la fait pas. (...)
Selon Anastasia Trevogin, jamais la police n’a accepté d’examiner les éléments qui prouvent que son mari n’est pas le proxénète Larchenko. (...)
Interrogé par Rue89, le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, compare les photos des papiers d’identité de Trevogin (son passeport de 2001 – en haut de l’article – et son récépissé de 2011, ci-dessus ), que nous lui avons fournis à celles d’Andrey Larchenko, dont il a le dossier de condamnation sous les yeux. Sa conclusion :
« Le Larchenko qu’on a condamné ne semble pas être ce Trevogin. Le visage, les yeux ne sont pas les mêmes. Trevogin a l’air slave, alors que Larchenko a l’air caucasien. »
Le procureur incite donc Mme Trevogin à le saisir officiellement. Ce que compte bien faire son avocat, Mustapha Adouane, pour qui cette histoire est la triste illustration d’une politique (...)
La préfecture de police de Paris n’a pas réagi à nos informations.
Anastasia Trevogin, elle, redoute d’accoucher seule de son deuxième enfant. Lequel risque, comme son aînée, de n’avoir aucune existence légale : ni russe (l’ambassade refuse), ni française (car fille d’apatride et d’étranger), ni apatride (car son père est russe).(...)
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