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Nécessité d’une loi pour impliquer les banques dans les allègements de dette
#dette #banques
Article mis en ligne le 13 juin 2023

Le Sri Lanka en incapacité de rembourser la dette est poursuivi en justice par le groupe financier Hamilton Reserve, au moment même où le FMI vient de lui débloquer une première tranche de prêt. Au lieu de servir à la population, ce prêt risque bien de servir au paiement de Hamilton en même temps qu’il alourdira la dette déjà insoutenable du Sri Lanka. Ce pays est loin d’être le seul en détresse financière.

Le nombre de pays appauvris du Sud dont la dette est insoutenable a atteint un niveau record. Deux tiers des pays à faible revenu sont surendettés ou en situation de risque élevé de surendettement.

Les conséquences sont dramatiques pour les populations et en particulier pour les femmes puisque les remboursements exponentiels de dettes impliquent des réallocations de budget au détriment des besoins essentiels comme l’alimentation, la santé ou l’éducation. Le poids des remboursements prive également les États de marge de manœuvre financière pour s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique.

Partant de ce constat, l’ONU appelle à des mesures ambitieuses et rapides d’allègement de dette d’autant que la situation va empirer dans les prochaines années en cas d’inaction. La flambée des prix des aliments et de l’énergie liée en partie à la guerre en Ukraine et les effets du choc économique liés au covid aggravent, en effet, l’insécurité alimentaire et le niveau d’endettement.

Le poids des banques et des fonds d’investissements privés

Conséquence d’une décennie d’endettement sur les marchés financiers, les pays à revenu faible ou intermédiaire doivent aujourd’hui cinq fois plus aux créanciers privés qu’aux Etats créanciers.

Face à cette situation où les besoins fondamentaux des personnes sont bafoués, il est nécessaire que tous les créanciers prennent leur part, y compris les banques et les fonds d’investissement privés. Or, ces derniers refusent de faire le moindre geste, alors qu’ils sont les premiers créanciers et qu’ils sont largement rémunérés pour le risque qu’ils prennent en prêtant. Par exemple, les taux d’intérêt réclamés par le secteur privé aux pays africains sont en moyenne quatre fois plus élevés que ceux réclamés par les banques de développement.

Rappelons que pendant la pandémie, les États créanciers, dont la Belgique, ont suspendu le remboursement d’une partie de leurs créances. Malgré les appels répétés du G20 et de la Banque mondiale à faire la même chose, les créanciers privés ont refusé. Résultat : une partie des nouveaux prêts accordés pour lutter contre les effets de la pandémie a servi à payer en priorité les créanciers privés (...)

Il ne sert à rien de demander gentiment aux créanciers privés

Si le secteur privé n’a pas participé à ce moratoire c’est parce que leur adhésion reposait uniquement sur une base volontaire. L’autre initiative lancée par le G20 en novembre 2020 appelée « Cadre commun pour les traitements de dette » souffre malheureusement des mêmes limites (...)