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Monde arabe : derrière la révolution, la menace du marchand
par Chris Lefebvre lundi 28 février 2011
Article mis en ligne le 2 mars 2011
dernière modification le 28 février 2011

Alors que le vent démocratique souffle sur le monde arabe, du Maghreb au Yémen en passant par l’Egypte et Bahreïn, il est nécessaire de laisser derrière soi l’enthousiasme général pour se consacrer au travail d’aboutissement réel de ces révolutions. Car ces gens qui se battent pour leur liberté doivent prendre garde. Derrière la dictature du tyran qui tombe se cache, tapis dans l’ombre, la dictature du Marché, toujours prête à profiter de ces bouleversements légitimes pour se glisser sur le trône, au nez et à la barbe de tous.(...)

C’est avec du recul que nous pourrons nous réjouir ou pleurer. C’est peut-être dans 10, 20, 50 ans que l’envers du décor de cette révolution nous sautera au visage. Le bonheur de ces peuples qui se libèrent est légitime, mais le laisser nous submerger d’émotion et d’empathie serait mettre de côté les réelles espérances de liberté qui en découlent. Un peuple qui gagne sa liberté doit la conserver.

Je veux dire par là qu’il faut se méfier de ceux qui vont profiter de cet élan démocratique dans le monde arabe, à commencer par les Etats-Unis (derrière la fuite de Ben Ali et le ralliement de l’armée au peuple) ainsi que la mafia financière internationale.(...)

On pourrait également prendre acte de ce qui s’est passé en Afghanistan. Sous couvert de lutte contre le terrorisme et de démocratie, l’Empire ne s’est pas fait attendre pour placer l’un de ses agents sur le trône, Hamid Karzai, dont la première préoccupation officielle de bienveillance envers son peuple "libéré" aura été de signer les accords de passage d’un gazoduc traversant le pays. Est-ce cela libérer le peuple ?(...)

Nicolas Sarkozy l’a lui-même annoncé lors de son allocution télévisée ce dimanche. L’union Européenne va, « sur demande de la France », tâcher d’« imaginer une politique économique et commerciale pour favoriser la croissance de ces démocraties qui veulent naître ». Car si l’ingérence militaire est visible et facilement condamnable, l’ingérence économique, elle, l’est beaucoup moins.

Tout cela pour dire, finalement, qu’il faut parvenir à sortir de la bien-pensance quotidienne que nous vivons actuellement, à sortir de cet unanime optimiste aveuglant, de cet enthousiasme à la fois naturel et forcé, pour éviter que le sang ait coulé en vain.

Loin de la peur de l’islamisme que les politiques évoquent à longueur de journée (en se gardant bien de critiques en ce qui concerne l’Etat théologico-militaire d’Israël), la peur du marchand, bien plus terrible encore.(...)

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