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Entre les lignes, entre les mots
Mon premier souvenir de mai  1968 c’est ma première manif, sans doute la plus énorme de toute ma vie.
Gérard Leidet et Bernard Régaudiat (coord.) : Marseille-Paris. Les belles de mai Aspects du mouvement politique et social en mai-juin 68 Promemo & Editions Syllepse
Article mis en ligne le 5 juin 2018
dernière modification le 4 juin 2018

Je vais avoir seize ans, je m’intéresse à beaucoup de choses, pas spécialement à la politique. Jusque-là je ne comprends pas très bien l’agitation initiale, dont peu de choses nous parviennent à l’internat de ce grand lycée de la région parisienne où j’ai fait toute ma scolarité secondaire. À un moment on nous renvoie à la maison, je ne sais plus quand exactement.

Toujours est-il que c’est là, le plus souvent sur le petit balcon de notre appartement de la banlieue nord, la radio à côté de moi (surtout Europe 1) que je commence à suivre « les événements » en direct. Et il m’apparaît qu’il va se passer quelque chose de très important le 13  mai.

J’ai très envie d’aller voir ça. Et c’est là que ma mère a un coup de génie, manipulatoire mais coup de génie quand même. Comme ma petite sœur, deux ans de moins que moi, que cela n’intéresse pas spécialement mais qui est très curieuse, a envie d’y aller, ma mère me dit : « Tu peux y aller, mais tu fais attention à ta sœur, et vous devez être rentrés à 7  heures du soir. » ; et je n’y vois pas malice. Longtemps après j’ai pensé qu’un petit bout de destin s’était peut-être joué à cet instant précis. (...)