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l’Humanité
Moins d’éthique, moins de clinique, plus d’exécutants
Michel Chauvière, sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS-Cersa, université Paris-II.
Article mis en ligne le 5 juillet 2017

Il y a de la marchandisation là où il y a de la solvabilité : le domaine des personnes âgées, des personnes handicapées, de la petite enfance. Mais il y a des domaines qui ne peuvent pas être transférés au marché proprement dit : la délinquance, la protection de l’enfance quand la violence est intrafamiliale. Le changement se fait alors dans leurs modes d’administration. Quand l’État ou les collectivités locales se prennent aussi pour des entreprises, avec de l’évaluation interne, puis externe. Récemment, une cadre de la fonction publique travaillant pour la protection de l’enfance me racontait les instructions qu’elle avait reçues pour des entretiens avec le personnel. Jusqu’ici, elle les réalisait avec un contact personnalisé. Maintenant, tout est grillé, tous les cas de figures inventoriés. Elle doit remplir des cases et faire entrer la personne dans celle qui lui correspond le mieux. À un colloque, une directrice d’agence régionale me confiait qu’elle n’avait ni les moyens ni les ressources pour dépouiller toutes les évaluations externes des Ehpad… On nourrit la bête informatique. Et, en même temps, on tourne le dos aux professionnels, aux métiers pour consolider l’ingénierie et l’exécution.

Un nouveau système de financement privé apparaît, inquiétant les travailleurs sociaux : les « social impact bonds »…

Michel Chauvière La méthode existe déjà au Royaume-Uni mais est toute nouvelle ici. Un projet de courte durée est validé par la puissance publique, pour un financement par un investisseur privé, intéressé par le projet et surtout le profit qu’il peut en tirer. Le programme va être évalué à tous les niveaux par des opérateurs privés choisis par l’investisseur. Si, à la fin, les objectifs sont atteints, la puissance publique rembourse l’investisseur avec une plus-value pour le risque pris. Les pouvoirs publics estiment faire des économies car il n’y a pas d’emploi créé, pas d’investissement durable…(...)