
A Mayotte, tout nouveau 101ème département perdu au beau milieu de l’Océan Indien, la France « Terre d’Asile » reste encore une chimère... Sur cette île qui rassemble quelques 200 000 habitants pour un peu plus de 320km², on compte plus de 1800 demandeurs d’asile (à peine 1% de la population de l’île) dont 852 nouvelles demandes en 2010 selon l’OFPRA¹. Des chiffres à mettre en parallèle avec les quelques 100 000 « étrangers » qui vivraient sur l’île dont 60 000 seraient sans papier. Les demandes d’asile à Mayotte restent relativement récentes et sont conséquentes à partir de 2004, avec une arrivée importante d’exiléEs venus d’Afrique originaires de la région des Grands Lacs, pour la plupart. Mais au fur et à mesure des années, l’origine de ces demandeurs d’asile va se diversifier, et devenir l’écho des instabilités politiques de la région et la conséquence directe des politiques drastiques adoptés par nombre d’état quand à la gestion des flux migratoires et notamment l’accueil des demandeurs d’asile.
Les premières arrivées de ressortissants africains à partir de 2004 sont bien évidemment consécutives à l’instabilité géopolitique de la région des Grands Lacs qui perdurent depuis plusieurs décennies maintenant. Des réfugiéEs fuyant crimes et exactions commis lors de conflits où les intérêts des puissances occidentales restent en toile de fond. Comment oublier ainsi le rôle ambigüe de la France dans les affaires rwandaises, ou encore l’intérêt économique que représente la région Est de la République démocratique du Congo (RDC) ; le Kivu. Un territoire qui cache en son sous-sol, les matières premières vitales pour les pays développés dont les fameuses terres rares. (...)
Un séparatisme orchestré grossièrement par la France, puisque les autorités françaises vont aller jusqu’à l’extradition en 2008 du dictateur anjouanais Mohamed BACAR vers l’île de Mayotte. Une décision qui va mettre l’île aux parfums (Mayotte) à feu et à sang. Cette initiative française d’offrir l’exil à un dictateur sur une île voisine, qui reste sous domination française malgré les différentes condamnations internationales, est perçue par la population mahoraise et comorienne vivant sur l’île comme une insulte et une provocation. Une affaire qui mettra en évidence la précarité de la présence française à Mayotte. Dès ces événements de 2008 la demande d’asile comorienne va être perçue par les autorités françaises comme une menace envers les intérêts de la France à Mayotte et un facteur de déstabilisation. La demande d’asile des Comores est sans nul doute le résultat de l’instabilité politique de l’archipel qui a connu rappelons-le pas moins de 28 coups d’état depuis 1975². (...)
A l’instar de ce que vit l’Union Européenne depuis plus de dix ans maintenant, Mayotte est devenue depuis 1995, date de l’instauration du Visa Balladur supprimant la libre circulation entre les îles vieille de plusieurs siècles, une véritable forteresse érigées contre les migrantEs. La surveillance des mers s’est accrue d’année en année.
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Ce dispositif militaro-policier mis en place pour la surveillance d’une frontière ubuesque rejette chaque année des centaines de demandeurs d’asile qui ne parviennent pas sur ce qui devrait pourtant être une terre d’asile. (...)
les demandeurs d’asile à Mayotte ne bénéficient d’aucune protection sociale ou de conditions d’accueil descentes. Ils ne peuvent jouir d’un examen médical lors de leur arrivée, un examen pourtant préconisé par le Code d’action sociale, et ce afin de répondre à des mesures sanitaires visant à lutter contre les infections telles que les pandémies. La CMU et l’AME n’étant pas appliquées à Mayotte les affiliations au régime de sécurité sociale se font au cas par cas et en fonction de la durée de l’autorisation de séjour (la plupart n’excède pas trois mois). (...)
A l’instar de la métropole ils ne possèdent pas d’autorisation de travail, que l’absence d’allocation Temporaire d’Attente (ATA) ne vient pas non plus compenser. Une ATA dont l’absence est justifiée par l’absence de RSA sur l’île... On justifie une injustice par une autre injustice en quelque sorte. (...)
Privés de revenus minimum garantit ou d’autorisations de travail, les demandeurs d’asile sont livrés à eux-même et sont contraints de s’adonner à des activités illégales au premier rang desquels le travail dit « dissimulé ».
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Mais la pression des autorités sur les secteurs économiques informels est telle que les descentes de police sont quasi quotidiennes, et aboutissent bien souvent à des gardes-à-vue, des amendes voir des poursuites judiciaires et des confiscations de marchandises. Une situation ubuesque, qui pourrait paraître absurde si elle n’impliquait la détresse et les vies humaines de personnes fuyant les pires atrocités.
Mais l’atrocité de la situation ne s’arrête pas là, tous les demandeurs d’asile se trouvent à la rue. En effet à Mayotte pas une seule solution de logement n’est proposée aux demandeurs d’asile. Les Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) n’existent pas, et là aussi ce manque est justifié par une autre aberration, l’absence de foyer d’accueil pour les personnes fragilisées.
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En mettant en lumière la situation des demandeurs d’asile malgaches et comoriens, preuve est faite que l’examen des demandes d’asile en procédure prioritaire relève de motivations exclusivement politiques à l’encontre des libertés et droits des demandeurs d’asile garanties par les traités internationaux dont la France est pourtant signataire.
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