
Le Maroc est devenu un véritable goulet d’étranglement pour les migrants d’Afrique subsaharienne qui cherchent à se rendre en Europe, arrêtés dans leur élan par les gouvernements marocain et espagnol qui travaillent main dans la main pour stopper le flux des migrants à travers la Méditerranée.
Des milliers de migrants en situation irrégulière n’ont pas pu ou pas voulu profiter du processus de « régularisation » offert de manière limitée par l’État marocain sous la forme de près de 18 000 permis de séjour d’un an.
Ils jouent maintenant au chat et à la souris avec la police dans les montagnes du Rif, au nord du pays, qui surplombent l’enclave espagnole de Melilla. (...)
Leur objectif est d’atteindre cette ville portuaire pour, de là, se rendre sur le continent européen.
Mais les obstacles sont nombreux. Il est presque impossible d’éviter les gardes-frontière marocains, de franchir les trois séries de clôtures de sécurité et les barbelés, d’esquiver les détecteurs de mouvements et les caméras de sécurité et d’échapper à la Guardia Civil espagnole. La location d’un bateau pour traverser le Détroit de Gibraltar coûte quant à elle très cher et les chances de réussite sont tout aussi minces. (...)
ils ajoutent invariablement qu’ils ne peuvent pas retourner en arrière.
« Je ne vais pas dire que j’ai fait une erreur, car c’est l’école de la vie », a dit Arnold. « Nous croyons que nous allons arriver en Europe et que si nous n’y parvenons pas, nous ne serons jamais tranquilles. »
Les migrants sont solidaires et souhaitent ardemment que n’importe lequel d’entre eux parvienne à atteindre l’Europe. « C’est bon pour le moral », a expliqué M. Lamine. « Si pendant un ou deux mois personne ne traverse, tout le monde est déprimé. Mais quand tu entends que quelqu’un qui était avec toi la veille est en Europe, cela veut dire que toi aussi tu peux y arriver. »