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l’Humanité
Manu Chao : « Personne ne quitte son pays le sourire aux lèvres »
Article mis en ligne le 12 septembre 2015

Vagabond magnifique, combatif et engagé, Manu Chao aime parcourir le monde pour aller chanter auprès des gens de la rue. De retour d’une grande tournée en Europe, il fait halte à la Fête de l’Humanité à l’occasion d’un concert exceptionnel avec son groupe La Ventura. La Fête, où il jouera pour la troisième fois après ses concerts mémorables de 2001 et 2009, qui avaient déplacé des foules énormes.

(...)Je suis chanteur parce que c’est ma passion et mon métier. Citoyen, je le suis parce que je suis vivant. Chacun avec son savoir-faire est forcément citoyen. On vit dans un monde où il faut, à chaque minute, se positionner. Je pense que le plus important c’est l’acte économique. Ceux qui détiennent le pouvoir économique, ce qu’on pense, ils s’en fichent complètement, du moment qu’on va au supermarché et qu’on achète. La bataille la plus intéressante, je crois que c’est celle du consumérisme. C’est la bataille de l’autosuffisance et chercher à être le plus autonome possible au niveau des quartiers, pour zapper l’économie de marché. Ce n’est pas du 100 % évidemment, mais ce sont des petits détails qui comptent. Les potagers urbains, l’entraide entre voisins. Sur quatre rues, on peut être rapidement autonome. Il y a plein de quartiers où ils ont commencé à casser les règles. Le seul moyen de leur faire peur, c’est de ne pas acheter, parce que tout leur système est basé là-dessus, sur la consommation. C’est comme cela qu’on pourra commencer à changer les choses.(...)

La chanson Clandestino que j’ai écrite date de 1996-1998. Il y avait déjà une pression terrible et des drames partout. Presque vingt ans après, la pression est encore plus forte, les tragédies sont encore plus nombreuses. Il y a de plus en plus de personnes qui meurent pour arriver dans un monde qu’elles croient meilleur et qui est évidemment meilleur, parce que, là-bas, c’est la vie ou la mort pour les pauvres. Et cela ne fait qu’empirer. Ça montre que, politiquement, vouloir fermer les frontières de l’Europe, ça ne fonctionne pas. (...)

La solution, c’est de donner une chance à tous ces pays de pouvoir se développer par eux-mêmes. Cela permettrait une stabilité et donnerait une vie digne à leurs citoyens. Mais ce n’est pas le genre de projet qui intéresse l’Occident, qui a besoin, pour vivre bien, de vampiriser le reste de la planète. Le problème, c’est que les politiques ne pourront pas prendre de décisions tant que l’économie sera le maître du jeu. Il n’y a aucune entreprise multinationale minière, par exemple, qui voudra améliorer la situation des pauvres mecs qui travaillent dans les mines dans des conditions effroyables, les salarier, leur donner une vie décente. Ça ne les intéresse pas ! Donc, ces gens-là, qui travaillent dans les mines, ont vu leur père crever à la mine et leur frère crever à la mine, ils veulent partir. Je pense que personne ne quitte son pays le sourire aux lèvres. (...)