
Phénomène rare ici, trois manifestations successives ont rassemblé un nombre croissant d’étudiants, rejoints par des lycéens. Bravant un froid glacial et la gestion brutale des marches par la police, le succès de ces manifestations s’explique par un rejet déterminé de cette loi jugée profondément injuste et cynique. Injuste, car elle va dissuader les jeunes des classes populaires d’entreprendre des études ; cynique, car le gouvernement continue de faire payer aux forces utiles de la nation la gabegie financière.
Le 29 novembre, un groupe de UCL a manifesté devant le magasin Topshop dans l’artère commerçante d’Oxford Street. Philip Green, son propriétaire, est un milliardaire qui a été chargé par David Cameron de réfléchir au moyen de « réduire les dépenses publiques ». Green, dont l’épouse est fiscalement domiciliée à Monaco, a en outre été accusé de fraude fiscale.
S’il y a un problème de déficit public, que l’on commence par faire payer les riches, surtout quand ils fraudent le fisc. Les étudiants l’ont bien compris et ont entonné devant le magasin le slogan : « Les impôts dus par Philip Green pourraient servir à financer nos études ! » (...)
Depuis la semaine dernière, mes étudiants ont reçu le soutien ou la visite de Noam Chomsky, du chanteur Billy Bragg (promoteur des concerts « Rock against Thatcher » dans les années 80), des Babyshambles, Mark Thomas (comédien), Ken Livingstone (ex-maire de Londres), John McDonnell et Jeremy Corbyn (députés de la gauche travailliste), Polly Toynbee (éditorialiste au Guardian), des syndicats RMT (transports) et NUJ (journalistes). (...)
La BBC, ITV et nombre de télévisions internationales sont venues filmer les lieux, et l’occupation a reçu une couverture médiatique inespérée. Des parents écrivent aux quotidiens pour dire leur fierté et leur joie de voir leur progéniture lutter. Tout cela est si peu courant dans ce pays !
Des enseignants tentent de donner un coup de main : (...)