
(...) il s’agit rien moins que de réduire, une fois de plus, les droits, pourtant sacrés depuis la Révolution Française, des réfugiés. Et de contourner le devoir d’hospitalité — quand celui-ci n’est pas tout simplement, si l’on ose dire, constitué en délit d’hospitalité et solidarité, comme Emmanuel Macron l’a « assumé », c’est son mot, dimanche soir devant les caméras de BFMTV et de Médiapart.
Le philosophe Jacques Derrida, en 1996, déclarait, alors que le vote de dispositions analogues venait d’avoir lieu sous une autre majorité : « en ce monument sacré de la représentation nationale que devrait être un Parlement, une majorité de représentants, des députés en l’occurrence, viennent de donner (hier, avant-hier) le spectacle à la fois consternant et inquiétant d’une démagogie xénophobe, répressive, électoraliste, s’inventant des boucs émissaires pour s’exonérer d’une politique catastrophique et d’une impuissance flagrante, pressée de voler des voix imaginaires à Le Pen ». Il parlait de « tournant », de retour, en vérité, à des dispositions qui préparaient, comme en 1938, « une aggravation du dispositif législatif dans une atmosphère de veille de guerre ».
Cacher une politique d’extrême droite derrière des déclarations humanistes
Si l’on doit, aujourd’hui, constater une aggravation, c’est que le gouvernement, sous la présidence d’Emmanuel Macron, ne multiplie pas seulement les exactions et les dispositions répressives à l’égard des réfugiés. Il ne cherche pas même à récupérer les voix du Front National. Celles-ci lui sont désormais acquises et volent au secours de sa politique. Et désormais, les députés d’extrême-droite votent de concert avec la majorité à l’Assemblée Nationale.
Dans ces conditions, comment croire encore aux déclarations d’humanisme, de bienveillance d’Emmanuel Macron et de ses soutiens ? Comment ne pas voir que cette posture, toute morale, est parfaitement homogène, dans les faits, à la politique du Front National ? On s’en doutait déjà. Mais désormais, nous n’avons donc que faire des intimidations et des leçons en anti-racisme moral qui, durant l’entre-deux-tours, ont déferlé sur les militants politiques de l’anti-racisme. On se demande, d’ailleurs, où sont passées toutes ces voix de "gauche", "progressistes", "humanistes", qui parlaient si haut et si fort. D’autant, on le sait depuis, que les politiques répressives favorisent, en France et en Europe, un business des expulsions. Comme elles tendent à encourager, de fait, la corruption des Etats européens par les pires des organisations mafieuses (en l’espèce la Ndrangheta, la mafia calabraise, qui, en Italie, organise avec la complicité des autorités le passage des migrants : contrairement à ce qu’affirmait Emmanuel Macron dans le discours de Ouagoudougou, des européens tirent donc bien profit de ce commerce sordide).
La politique migratoire d’Emmanuel Macron n’est donc pas seulement indigne ; elle n’attente pas seulement à la dignité politique d’hommes et de femmes ; elle est, du point de vue de l’état de droit, de son intégrité et de son indépendance vis-à-vis des forces de l’argent, que celles-ci soient licites ou illicites, irresponsable et inefficace.