Deux publicitaires racontent la manière dont est survenu en eux un doute vertigineux sur leur métier, parce qu’il fabrique des désirs insatiables et nous incite à la surconsommation. Après des années d’efforts pour pénétrer ce monde qui les faisait rêver, ils cherchent un moyen de le quitter.

Vincent Rose, 35 ans, a été publicitaire pendant dix ans.

“Je me souviens de la réunion avec le client où on a dû travailler toute la nuit pour arriver à une présentation qui tienne la route. On arrive à 10h, personne n’a dormi et on présente. Il y a une telle énergie, on ne sait pas d’où sort cette énergie, on est tous exténués, mais on ne le montre pas et on présente l’idée. On sent que ça plaît au client et ensuite on repart conquérant.” Vincent

“Toute ma vie était dédiée à cette agence. C’étaient des années où on travaille, on paye notre prêt, on paye notre loyer, on paye un peu à manger, on a de quoi faire deux ou trois fêtes à Paris et on recommence. On reste prisonnier d’un cercle vicieux où on ne gagne pas assez d’argent, on n’est pas assez valorisé, on donne tout ce qu’on a notre boîte.” Vincent (...)

“J’ai passé dix ans de ma vie à travailler dans la pub, à ne pas regarder le mal que ça causait à la société, alors qu’on fonce droit dans le mur d’un point de vue écologique. Toutes ces choses-là, soit je ne les voyais pas, soit je m’en foutais en fait, parce que j’étais aussi très nihiliste. Ça me faisait rire de voir l’humanité foncer dans le mur, et de me dire, au moins, j’étais aux premières loges pour voir ça.” Vincent

C’est à la naissance de son premier enfant que Vincent questionne réellement l’impact de la publicité sur l’environnement.

“J’ai l’impression que chaque jour que je ne passe pas à essayer d’améliorer l’état de la planète pour mes enfants, c’est un jour raté, c’est un jour qui manquera plus tard.” Vincent (...)

“On pourrait très bien se dire que tout le monde boit déjà du Coca-Cola, on est content, ça suffit. Mais comme il faut du rendement systématique, on va chercher la croissance au détriment de la vie ou de la santé des gens.” Marion

“La transition écologique dans les boîtes privées, c’est très compliqué parce qu’il faut avoir du rendement à très court terme. Le système dans lequel elles sont fait que c’est presque impossible pour elles d’évoluer.” Marion (...)