
Le mardi 7 septembre, à l’heure où des millions de manifestants battaient le pavé un peu partout en France, M. Eric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, martelait à la tribune de l’Assemblée nationale : « Notre réforme apporte des solutions raisonnables, efficaces et justes pour sauver le système de retraite par répartition de notre pays. » La réforme ou le chaos, en somme...
Révolution silencieuse ? Oui, parce que si les réformes néolibérales de l’Etat s’effectuent parfois à grand renfort de publicité (privatisation de la Poste, restriction des budgets de l’hôpital public ou de l’Education nationale), elles sont le plus souvent peu visibles, progressives, s’emboîtant « naturellement » les unes aux autres, faisant valoir qu’« il n’y a pas d’alternative ». Et elles ne rencontrent que des protestations sectorielles, peu coordonnées, encore moins médiatisées. Elles passent par un décret, une directive, une circulaire, voués à demeurer obscurs et confidentiels, dans certains cas élaborés par des cabinets d’audit privés. Souvent inaperçues, sauf pour ceux qui en affrontent directement les conséquences…...
Laurent Bonelli et Willy Pelletier (dir.), L’Etat démantelé. Enquête sur une révolution silencieuse, avant-propos de Serge Halimi, La Découverte / Le Monde diplomatique, septembre 2010, 324 pages, 20 euros