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Les jeunes activistes contre le changement climatique « plus déterminés » que jamais
/Par Juliane Kippenberg, Directrice adjointe à la division Droits de l’enfant au sein de Human Rights Watch
Article mis en ligne le 10 novembre 2021

Déçus par la décision du Comité des droits de l’enfant de l’ONU suite à une plainte concernant la crise climatique, ils portent le combat à la COP26.

Lorsque le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a décidé, en octobre, qu’il ne pouvait pas donner suite à une plainte concernant la crise climatique, j’ai reçu un message de Raina Ivanova, l’une des 16 jeunes à avoir porté l’affaire à son attention. « Nous sommes tous très déçus », a-t-elle regretté. « Je me sens abandonnée par le Comité des droits de l’enfant, [l’]organe des Nations Unies censé aider à faire respecter nos droits. »

Elle n’est pas la seule à être déçue que le Comité n’ait pas procédé à un examen plus approfondi du retard des gouvernements pour prendre des mesures contre la crise climatique mondiale. Sa co-plaignante, Alexandria Villaseñor, originaire des États-Unis, explique que ce sont des moments comme ceux-ci qui les poussent à s’impliquer dans la lutte pour un avenir meilleur : « C’est pourquoi à la COP26, il y aura tant d’enfants…parce que nous sommes nombreux à être en colère. »

Seize enfants de tous les continents, dont Greta Thunberg, avaient porté l’affaire devant le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies en septembre 2019, arguant que le changement climatique porte déjà atteinte aux enfants du monde entier et que les gouvernements ne parviennent pas à prendre des mesures décisives et ambitieuses pour y mettre fin. Le Comité des droits de l’enfant est l’organe des Nations Unies chargé de surveiller la manière dont les États membres remplissent leurs obligations juridiques de protéger les droits de l’enfant.

La plainte présentée par les jeunes activistes accusait cinq pays – l’Argentine, le Brésil, la France, l’Allemagne et la Turquie – de ne pas avoir empêché les atteintes prévisibles aux droits humains causées par le changement climatique, et donc de transférer le fardeau et le coût du changement climatique aux enfants et aux générations futures. Ces cinq pays sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre parmi les 48 pays ayant accepté la compétence du Comité de l’ONU pour entendre les plaintes individuelles relatives aux droits de l’enfant déposées contre eux.

Le 11 octobre, le Comité a décidé qu’il ne pouvait donner suite à l’affaire pour des raisons de procédure, les plaignants n’ayant pas saisi les tribunaux nationaux avant de se tourner vers l’ONU. Un avocat des plaignants a annoncé que « la bataille juridique pour le climat revient désormais devant les juridictions nationales ».

Malgré cette déception, les choses se présentent plutôt sous un jour favorable. Le Comité des droits de l’enfant a accepté nombre des arguments juridiques avancés par les enfants pour établir la responsabilité des gouvernements quant aux impacts de la crise climatique sur leurs droits. Plus particulièrement, il a affirmé, face aux arguments unanimes pour affirmer le contraire des gouvernements, que les États ont l’obligation de prévenir, au-delà de leurs propres frontières, les dommages prévisibles résultant d’activités et d’omissions liées au changement climatique sur leur territoire. En statuant que les enfants sont victimes de violations de leurs droits, le Comité a confirmé que la crise climatique est aussi une crise des droits de l’enfant. (...)

Les activistes ne se laisseront pas décourager par ce premier obstacle. Au contraire, ils veulent voir une action concrète dès à présent, lors des négociations sur le climat de la COP26 à Glasgow. À l’intérieur et à l’extérieur de la salle de conférence, ils disent haut et fort que les gouvernements doivent décider maintenant de réduire rapidement les émissions, et qu’il n’y a aucun temps à perdre. (...)