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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
Les équations perdantes du PS
Article mis en ligne le 28 mai 2011
dernière modification le 26 mai 2011

Deux études proposant une stratégie électorale pour le PS ont été présentées par la presse (Le Monde, 11 mai 2001) comme relevant de deux choix opposés. La Fondation Terra Nova, présidée par Olivier Ferrand, (« Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? »[1]) considère que la base privilégiée de la social-démocratie doit être ceux pour qui l’essentiel ne se situe plus dans les préoccupations socio-économiques mais dans les valeurs culturelles : « la France de demain est avant tout unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes : elle veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire, optimiste, offensive » (p. 10). Sont ainsi visés les jeunes, les femmes, les diplômés, les classes moyennes, alors que les ouvriers ont en masse sauté le pas vers la droite. Mais ce socle est insuffisant pour réunir plus de 50 % de l’électorat. Aussi Terra Nova estime-t-elle nécessaire de l’élargir davantage vers les catégories populaires et moyennes. Le problème est que les aspirations des unes et des autres, si on les pose ainsi, sont contradictoires.

(...) Ce qui fait problème dans ces analyses prétendument sociologiques, c’est que la stratégie ne se définit qu’en termes de calculs électoraux, jamais en termes de projet de société, sinon celui de conforter le processus d’accomplissement du capitalisme. Chez Terra Nova, on oublie que la désertion de l’électorat populaire par rapport à la gauche traditionnelle pourrait avoir pour cause, au moins en partie, l’abandon par cette gauche des revendications populaires prioritaires et l’alignement sur beaucoup des dogmes néolibéraux, notamment européens, allant jusqu’à abandonner les mots d’« ouvrier » et de « travail » à la droite et l’extrême droite. De manière implicite chez Terra Nova et explicite chez Baumel et Kalfon, le capitalisme est notre horizon indépassable.(...)

Que faire pour « reconquérir la France qui se lève tôt » (p. 57) ? Augmenter le SMIC ? Non. Réduire le temps de travail ? Non. Il faut « rétablir une “société du travail” » (p. 60), sans que les auteurs voient que cette rhétorique dissimule deux aspects contradictoires : la nécessité de mettre un terme à la dégradation de la condition des travailleurs et le silence total sur la RTT, c’est-à-dire le silence sur une autre nécessité, celle de ne pas assimiler la vie au travail.(...)

Le curseur stratégique est donc placé le plus à droite possible de la gauche.(...)

Au-delà de leurs différences d’apparence, ces deux stratégies sont porteuses de défaite politique au regard des intérêts populaires. Ce sont des équations perdantes qui étaient formulées au service de celui par qui le scandale est arrivé. Elles seraient également perdantes si elles trouvaient un(e) repreneur(se) au sein de la gauche.(...) Wikio