Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le Monde Diplomatique
Les chemins de la liberté
Article mis en ligne le 21 mai 2011
dernière modification le 18 mai 2011

En quelques semaines, et au prix d’un millier de morts au total, les peuples tunisien et égyptien se sont débarrassés pacifiquement de leur dictateur. Rapidement, le mouvement s’est étendu, du Maroc à la Syrie, en passant par l’Arabie saoudite et l’Irak. Partout une même aspiration à la liberté, à la dignité, partout une même volonté de non-violence. Aucun pays arabe n’a été épargné, même pas les riches Emirats arabes unis où des opposants ont été arrêtés et une association de défense des droits humains mise sous tutelle. La rapidité avec laquelle les flammes de la révolte, portées notamment par la télévision Al-Jazira, se sont propagées a fait éclore quelques illusions : le changement serait rapide ; les régimes tomberaient les uns après les autres comme des châteaux de cartes ; les lendemains, au sens propre, chanteraient.

Il n’en a rien été. La contre-révolution s’est déployée à Bahreïn, avec l’intervention de troupes du Golfe. La Libye a basculé dans une guerre qui a permis l’intervention de l’OTAN (lire « L’OTAN dans l’engrenage Libyen »). Le président yéménite Ali Abdallah Saleh s’accroche à son trône. Le pouvoir syrien tente de broyer son opposition. Et les tâches devant les peuples égyptien et tunisien sont immenses, notamment dans le domaine économique et social.

Assistera-t-on, comme en 1848 en Europe, à l’écrasement du « printemps des peuples » ?

Il était sans doute naïf de penser que des dictateurs, retranchés dans leurs forteresses depuis des décennies, allaient rendre les armes sans résistance. Ou même que leur chute signifierait un changement de système social. Les pouvoirs en place disposent de moyens de répression puissants, dont on a pu mesurer la terrible efficacité, même si leur usage n’a ni fait taire les citoyens ni ramené l’« ordre ». (...)

depuis longtemps, le confessionnalisme et les identités nationales ont été manipulés aussi bien par les puissances coloniales, comme au Liban où la France les a institutionnalisés, que par les régimes nés des indépendances qui « divisent pour régner » (...)

La volonté unitaire des manifestants et leurs revendications citoyennes de liberté, de justice sociale et de démocratie ont permis, en partie, de déjouer ces manœuvres de diversion, d’aller de l’avant, d’approfondir les conquêtes. Le « printemps des peuples » est d’autant moins terminé que les discours les plus extrémistes ont été marginalisés. (...)

Les chemins de la liberté et de la dignité qu’a ouverts le peuple tunisien, et dans lesquels se sont engouffrés après lui les autres peuples arabes, restent incertains, escarpés, périlleux. Mais, déjà, le retour en arrière n’est plus possible. « Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d’homme, les dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là » (Jean-Paul Sartre, Les Mouches).(...)
Wikio