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le Monde Diplomatique
Les cahiers de doléances du peuple chinois
Article mis en ligne le 10 mars 2011
dernière modification le 8 mars 2011

Soumis à des conditions d’existence dégradantes et à une discipline de fer, les ouvriers chinois ont multiplié les arrêts de travail et obtenu d’importantes augmentations de salaire. Mais leur contestation emprunte aussi d’autres voies, moins connues.

Tout a commencé, le 17, par le débrayage d’une centaine d’ouvriers protestant contre une décision jugée inique de la direction. (...)

les ouvriers ont rédigé une lettre ouverte réclamant que leurs employeurs « fassent preuve de bonne foi, se prêtent à d’honnêtes négociations et prennent en compte leurs demandes raisonnables ». Le document précise en outre que leur lutte ne concerne pas les seuls employés de l’usine, mais l’ensemble des ouvriers chinois. Il contient également une liste de revendications portant sur la grille des salaires, la représentation des employés, les modes d’évaluation du travail et les critères de promotion.(...)

Au moment où la grève s’achevait, l’attention était focalisée depuis plusieurs jours sur les suicides chez Foxconn Technology à Shenzhen. En cinq mois, treize jeunes ouvriers de cette entreprise taïwanaise qui fabrique des composants électroniques pour des marques étrangères ont tenté de se suicider ; dix y sont parvenus.(...)

depuis son installation en Chine, Foxconn fait appliquer, durant les heures de travail comme pendant le repos, une discipline dont il ne suffit pas de dire qu’elle est militaire. Elle s’appuie sur la toute-puissance des agents de sécurité, qui peuvent sanctionner les employés, y compris par la force.(...)

Ces événements s’inscrivent dans un mouvement plus large de multiplication des grèves, observé dans les entreprises tant étrangères que chinoises depuis deux ans ; plus généralement, l’agitation sociale grandit depuis le milieu des années 1990 : arrêts de travail, lettres collectives adressées aux autorités locales et à l’Assemblée nationale populaire, visites aux instances administratives, doléances postées sur Internet.(...)

Autrement dit, les salariés migrants chinois n’ont jamais été dociles. S’ils constituent un groupe composite, rassemblant des individus aux expériences et aux projets très différents, ils partagent une situation d’infériorité institutionnelle par rapport aux « locaux ». Ils n’ont jamais cessé de contester les inégalités induites par le système du certificat de résidence (ou hukou) et de protester contre l’impuissance à laquelle ils sont condamnés dans les entreprises. (...)

ceux qui se concertent pour interpeller ainsi les autorités dénoncent de plus en plus souvent des problèmes qui débordent les frontières des localités où ils sont censés être résolus.(...)

ils ont placé leur mouvement sous un triple mot d’ordre : pas de meneurs reconnus, pas d’organisation formelle, pas de violences.(...)

Ces mouvements embarrassent le gouvernement car ils initient un processus qui, de façon imperceptible mais tenace, modifie les relations de pouvoir entre gouvernants et gouvernés. (...)

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