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Les barbelés de notre médiocrité
Réflexions sur la « crise de Lampedusa », Annamaria Rivera
Article mis en ligne le 14 avril 2011

Face à l’exode, tout à fait prévisible, de quelques milliers de migrants et de réfugiés, on ne pourrait imaginer de farce plus indigne que celle qui se joue dans le malheureux pays dans lequel il nous est échu de vivre, désormais padanisé} [1] du Nord au Sud, à quelques exceptions près.

Le contraste est strident entre la noblesse du printemps arabe et la misère des réponses italouillardes [2] à l’issue escomptée et secondaire de cet extraordinaire tournant historique : rien que chaos, déshumanisation, alarmisme social, compétition entre égoïsmes institutionnels, camps de concentration, barbelés, menaces de rapatriements collectifs, patrouilles « spontanées » et chasse aux fugitifs jusque dans les hospitalières Pouilles.

La jeune taupe a bien creusé : le mélange monstrueux de liguisme nazi, de cynisme individualiste de propriétaires, de provincialisme pingre et inconscient dessine aujourd’hui le portrait le plus fidèle de la nation italienne.(...)

À l’opposé – et ce n’est pas un hasard – la générosité et l’héroïsme collectifs qui ont guidé le soulèvement tunisien se sont reflétés dans la solidarité, l’altruisme, le naturel serein avec lesquels les populations très pauvres des villages frontaliers – et les autorités tunsiennes elles-mêmes – ont accueilli presque 150000 réfugiés arrivés de Libye : cela, dans un pays d’à peine 10 millions et demi d’habitants, se trouvant dans une phase très difficile de transition politique, sociale et économique.(...)

les raisons qui les poussent à risquer leur vie en embarquant sur les habituelles charrettes de la mer sont aussi multiples que leurs biographies individuelles.(...)

Penser qu’on peut contraindre de telles aspirations entre les barbelés de notre médiocrité fainéante et devenue méchante, de notre égoïsme incapable et provincial, est pure sottise car cela va dans la direction opposée à celle des désirs collectifs des autres et du mouvement historique. Dès maintenant, des brèches et des voies de fuite s’ouvrent dans les clôtures de barbelés. Et à propos : pourquoi est-ce que nous, les vrais « hommes et femmes de bonne volonté », ne nous armons pas de cisailles – des vraies, pas des symboliques – pour encourager le cours de l’histoire ?

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