La journaliste Elizabeth Kolbert est une spécialiste de la disparition des espèces, qu’elle observe en parcourant la planète. Elle dénonce l’attitude mortifère de l’homme. Et alerte sur la sixième extinction imminente.
C’est beau, un monde qui disparaît. Elizabeth Kolbert admire la vue tous les jours de sa fenêtre. Le ciel bas, les arbres s’accrochant à leurs dernières feuilles, la montagne qui résiste au loin. On se croirait un peu dans le décor de la série Les Revenants, au détail près qu’ici ceux qui partent ne reviennent jamais. Il y a trois cents ans, aux alentours de Williamstown (Massachusetts), « la forêt était remplie d’animaux. Aujourd’hui elle se vide, beaucoup d’espèces se sont éteintes. La faune et la flore s’amenuisent, je le constate tous les jours ». Une fois par an, la journaliste américaine, plume réputée du New Yorker, visite une grotte à quelques kilomètres de chez elle – où 90 % des chauves-souris ont disparu en moins de dix ans – et dresse le bilan du carnage. Son métier consiste à répertorier les victimes, puis à donner un peu de sens à tout cela, si possible en racontant des histoires. (...)
au fil de ses lectures, elle est tombée sur cette étrange notion (pour ne pas dire terrifiante) de « sixième extinction », qui deviendra bientôt le titre de son livre, un best-seller mondial (200 000 exemplaires aux Etats-Unis, plus de douze traductions, prix Pulitzer du meilleur essai en 2015, des éloges de Bill Gates, de Barack Obama et une pleine page dans le New York Times signée par Al Gore !).
10 % de la faune risque de s’éteindre sur vingt ans
Pour rappel, la planète a connu cinq extinctions majeures d’espèces animales. (...)