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des bassines et du zèle
Les USA et leurs alliés contre la démocratie dans le monde arabe
Article mis en ligne le 28 mai 2011
dernière modification le 26 mai 2011

Chomsky répond à Amy Goodman de Democracy now !, sur la réaction des Etats-Unis aux révoltes populaires qui se sont propagées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à l’occasion du 25ème anniversaire du groupe de surveillance des medias nationaux, « Fairness and Accuracy in Reporting » (FAIR).

Les Etats-Unis et ses alliés feront tout pour empêcher l’instauration d’une véritable démocratie dans le monde arabe. La raison en est très simple. Dans toute la région, une majorité écrasante de la population considère que les Etats-Unis sont la principale menace contre leurs intérêts.

De fait, l’opposition à la politique U.S. est si forte que l’immense majorité d’entre eux pensent que la région serait plus en sécurité si l’Iran possédait l’arme nucléaire. En Egypte, le pays le plus important, ce taux est de 80 %. Et le pourcentage est pratiquement le même ailleurs. (...)

il est clair que les Etats-Unis et leurs alliés ne vont pas tolérer que s’installent des gouvernements qui se préoccupent de la volonté du peuple. Si cela devait se réaliser, non seulement les Etats-Unis ne contrôleraient plus la région, mais ils en seraient expulsés. Et donc, c’est de toute évidence un plan intolérable.
En ce qui concerne WikiLeaks, il y avait un point intéressant là-dessus. Les révélations de WikiLeaks qui ont été le plus médiatisées — gros titres, commentaires euphoriques, etc. — c’est que les Arabes soutiennent la politique US vis-à vis de l’Iran. Mais rien sur l’avis de la population arabe - il ne compte pas.

Si les dictateurs nous soutiennent et qu’ils contrôlent leurs populations, alors, où est le problème ? C’est comme l’impérialisme. Où est le problème si ça marche ? (...)

à partir de ces observations, on en déduit assez vite quelles politiques vont être menées. (...)

Et donc, quand il s’agit d’un pays riche en pétrole, avec un dictateur fiable et docile, on le laisse faire ce qu’il veut.(...)

… quand on a un dictateur privilégié et qu’il rencontre des problèmes, on le soutient le plus longtemps possible, soutien inconditionnel jusqu’au bout. Quand on arrive au point où il n’est plus du tout possible de le soutenir – par exemple, disons, si l’armée ou les milieux d’affaires se retournent contre lui – alors, il faut le faire partir, faire des déclarations fracassantes sur l’amour qu’on porte à la démocratie, puis, chercher à remettre en place l’ancien régime, avec de nouveaux noms, s’il faut. Et c’est ce qui se fait indéfiniment.

Ca ne marche pas toujours, mais on essaie toujours (...)

Et puis, il y a une deuxième catégorie. Cette catégorie c’est celle du dictateur de pays pétrolier en qui on n’a pas confiance, l’électron libre. C’est le cas de la Libye. Et là, la stratégie est différente ; il faut chercher à mettre en place un dictateur plus fiable. Et c’est exactement ce qui se passe actuellement(...)

Pratiquement chaque fois qu’il y a eu recours à la force, quel qu’en ait été l’auteur, il était accompagné du discours le plus noble. Il s’agissait de raisons humanitaires. C’est Hitler qui envahit la Tchécoslovaquie, les fascistes japonais qui dévastent le nord-est de la Chine. C’est Mussolini en Ethiopie. Il n’y a pratiquement aucune exception. Et donc, vous présentez cela et les medias et les commentateurs font semblant de ne pas remarquer qu’il ne contient aucune information, parce que c’est automatique.
(...)

le terme "stabilité" renferme un sens spécifique – un peu comme démocratie. La stabilité signifie « compatibilité avec nos intérêts ». Et donc, par exemple, quand l’Iran essaie d’étendre son influence en Afghanistan et en Irak, ses voisins, on appelle ça "déstabiliser". Cela fait partie de la menace que constitue l’Iran. Cela déstabilise la région. (...)

En revanche, quand les Etats-Unis envahissent ces pays, les occupent et les détruisent en partie, c’est dans l’idée d’apporter la stabilité.(...)

c’est très courant – au point qu’on peut écrire – comme l’a fait l’ancien rédacteur en chef de Foreign Affairs— que quand les Etats-Unis ont renversé le gouvernement démocratique chilien et instauré une dictature brutale, c’était parce qu’il fallait que les Etats-Unis déstabilisent le Chili pour apporter la stabilité.

Eh oui, vous renversez un gouvernement parlementaire, vous y installez une dictature, vous envahissez un pays, et vous tuez 20.000 personnes, vous envahissez l’Irak et vous tuez des centaines de milliers de personnes – tout ça, c’est pour apporter la stabilité. L’instabilité, c’est quand quelqu’un vient de mettre en travers de votre chemin.
(...) Wikio