Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
club de Médiapart/géographies en mouvement
Le vrai coût des bagnoles
#automobille #urgenceclimatique #voitureelectrique
Article mis en ligne le 31 mai 2023

La cause est entendue. Nos bagnoles sont les causes d’incommensurables dégâts sociaux, matériels, humains (plus de morts depuis 1945 que les deux guerres mondiales réunies). Nos villes ont été l’objet d’un hold up de la part des firmes automobiles qui ont imposé les voitures individuelles au détriment des modes de transport collectifs. Le scandale des tramways américains (photo ci-contre) mis à la casse est édifiant. Aujourd’hui, les constructeurs nous inondent de messages sur les voitures électriques qui sauveraient la planète. Lucien Willemin enfonce la bagnole, veut nous faire rouler moins, se déplacer à pied, à vélo, en transports publics, « développer de nouveaux modes de vivre ensemble capables de nous combler sans avoir besoin de courir après d’innombrables consommations futiles ».

Son opuscule rappelle les tricheries de VW en 2015, les 300 000 véhicules parqués dans un désert et sitôt remplacés, soit une colonne de 1200 km, ou un bouchon de Strasbourg à Naples. Que faire si les COP ne parviennent pas à redresser la barre ?.

(...) La santé publique, le climat, tout cela est mis en avant pour inciter à la propulsion électrique. L’industrie automobile est ainsi l’une des plus aidées, sous couvert de protéger des emplois et de participer à la bonne santé de la planète. « Elle est assurée de continuer à surproduire à tour de bras et engranger de juteux bénéfices ». Le parc automobile d’occasion est ainsi exporté vers des pays moins réglementés (merci pour les pauvres de l’Afrique ou de l’Inde). (...)

Selon l’Ademe (agence de transition énergétique), 12% des particules fines viennent de l’échappement, le reste concerne plutôt les freins, l’usure des pneus, de la chaussée. Willemin liste l’impact pour des vies humaines de la fabrication d’une voiture : déforestation pour accéder aux ressources primaires du sous-sol, extraction pour la fabrication de l’aluminium (exigeant de l’arsenic, du plomb, du mercure, de la soude caustique), fabrication (énergie nécessaire pour les 180 000 composants d’une voiture). Pour lui, la complexité d’une voiture en fait « l’un des objets les plus polluants de notre quotidien ».

La question qui fâche : peut-on garder sa vieille voiture ? La réponse claire et nette : « contrairement au CO2, la pollution chimique n’est pas compensable. » Plus nous fabriquons de voitures, plus nous empoisonnons le vivant. Garder sa vieille guimbarde est « plus écologique que d’en changer. » (...)

Si l’on veut voir plus loin que le réchauffement climatique, il faut agir sur la pollution chimique et la perte massive de biodiversité (extractions, urbanisation, déforestation). (...)

« Le gaspillage est le symptôme d’un manque d’intelligence. » On pourrait ajouter de courage politique pour résister face aux multinationales de l’automobile : qui peut abolir la vignette Crit’Air ? interdire les exportations de voitures ? harmoniser les conditions d’expertise ? reconsidérer l’ensemble des taxes ? autoriser le leasing pour les véhicules d’occasion.

Un appel à une intervention gouvernementale est signé, notamment par Dominique Bourg, Celia Sapart, Jean Ziegler bien connus en France.