
Le rapport 2010 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) s’ouvre par ces mots : « Les personnes sont la vraie richesse d’une nation. » (p. 1). C’est la réplique exacte de ce que disait déjà le philosophe Jean Bodin au XVIe siècle : « Il n’est de richesse que d’hommes. » (...)
L’édition 2010 du rapport du PNUD s’inscrit donc dans la lignée de tous les rapports publiés depuis 1990, année où fut inventé l’indice de développement humain (IDH), l’indicateur le plus connu qui concurrence le produit intérieur brut (PIB) ou le revenu national brut (RNB) pour exprimer l’amélioration du bien-être au cours du temps. (...)
le rapport célébrant le vingtième anniversaire de l’IDH et de ses adjacents ne dit pas un mot explicatif de l’événement majeur de la période : l’entrée en crise systémique mondiale, comme si l’évolution du développement humain en était déconnectée. (...)
Il note toutefois que le Consensus de Washigton ayant imposé ses plans d’ajustement structurel est insoutenable, qu’une politique de croissance ne peut ignorer la répartition des revenus et que le réchauffement climatique impose de tenir compte de la « durabilité de la croissance » (...)
Autre impensé du rapport : le mot « capitalisme » n’apparaît qu’à trois occasions (p. 6, 77, 129), chaque fois suivi de l’adjectif « oligarchique ». On reconnaît là la rhétorique sur la seule forme de capitalisme qui serait contestable : le capitalisme oligarchique, sans même que cet aspect oligarchique soit défini. (...)
Il y a une certaine incohérence à, d’un côté, définir le développement humain par des aspects qualitatifs que précisément le marché ne peut fournir (sécurité, stabilité, santé et éducation) et, de l’autre, lui attribuer un rôle clé pour assurer le développement humain.
Au final, les rapports du PNUD sont toujours un outil de connaissance très précieux. Mais il ne faut pas y chercher un début de remise en cause du paradigme dominant en économie. (...)
le PNUD a tiré quelques leçons des échecs du Consensus de Washington. Mais on attend encore qu’il montre que la financiarisation de l’économie mondiale ne peut pas donner un développement humain. Et on risque d’attendre longtemps encore.