
18 milliards de dollars. C’est l’amende infligée par la justice équatorienne à la multinationale Chevron pour les dévastations environnementales causées par sa filiale Texaco en Amazonie. Mais le petit pays d’Amérique latine pourra-t-il faire respecter ce verdict face au géant pétrolier ?
(...) La multinationale, condamnée en première instance en février 2011 à 9 milliards de dollars de dommages, devait « présenter des excuses publiques aux victimes », sous peine de voir l’amende multipliée par deux. Début janvier, la Cour de justice de la province de Sucumbios, en Équateur, a confirmé en appel ce jugement, au terme de dix-huit années de bataille judiciaire. (...)
L’utilisation de techniques obsolètes pour l’exploitation de centaines de puits, ainsi que la gestion hasardeuse des déchets [1], ont entraîné une importante pollution des sols, des forêts, des rivières, et des conséquences sur la santé des populations. (...)
Le verdict historique rendu début janvier s’appuie notamment sur les échantillons de terre fournis par des experts de Chevron. Ceux-ci ont révélé des niveaux « alarmants » de substances hautement toxiques, comme le benzène, le toluène, le plomb, le mercure, le baryum et le cadmium. Selon les Équatoriens, Texaco a déversé plus de 68 milliards de litres de matériaux toxiques dans les fosses sans protection et dans les rivières, entre 1972 et 1992
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62 % des filiales de Chevron se trouvent dans des paradis fiscaux, notamment aux Bermudes et aux Bahamas. Un modèle de responsabilité sociale. (...)
L’annonce du verdict début janvier n’a eu qu’un très faible impact sur le cours des actions de Chevron. Vu les recours juridiques dont dispose la firme, la procédure risque de durer encore des années. (...)
L’État brésilien a interdit à Chevron de forer sur son territoire, en attendant les conclusions de l’enquête. Coût des dégâts environnementaux : 8,5 milliards d’euros. Le parquet brésilien demande que ce montant soit versé par Chevron comme indemnité « pour dommages environnementaux et sociaux ». La victoire judiciaire des citoyens équatoriens sonne comme un avertissement.
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