
Alors que tous les regards du monde entier et son attention se dirigent vers la démarche de l’Autorité Palestinienne consistant à introduire une demande auprès de l’ONU pour la reconnaissance d’un état Palestinien, les Bédouins Palestiniens du désert du Néguev sont dans une mauvaise passe. En effet, Israël en profite pour entreprendre, discrètement, d’importantes mesures visant à transférer 30.000 Bédouins de leur terre ancestrale.
A l’origine, les Bédouins étaient une communauté prospère, comptant 90.000 personnes et vivant pas loin de la ville de Bir al-Saba (Beersheva).
Pourtant, les expulsions subies depuis 1948 n’avaient été que le prélude aux expulsions qui ont suivi depuis. En fait, avec l’établissement d’Israël, les Bédouins de Beersheva ont vu s’installer un régime militaire qu’ils avaient subi 18 ans durant. En 1967, le régime militaire a pris fin mais l’histoire de la dépossession des Bédouins continue jusqu’au jour d’aujourd’hui. Ayant recours à un ensemble de manœuvres légales, comme la loi sur les biens des absents et les lois sur l’acquisition des terrains de 1953, l’état a confisqué la quasi-majorité des terres de ces autochtones.
Mais il convient de souligner qu’aujourd’hui, et en dépit du processus d’expulsion amorcé dès l’établissement de l’état d’Israël sur ses terres, la population bédouine est estimée à plus de 200.000 individus et constitue le tiers de la population du Néguev. Actuellement, la moitié des citoyens bédouins d’Israël vivent dans 46 voyages « non reconnus ». Ces derniers sont des villages de bédouins au Néguev qu’Israël considère comme illégaux, et par conséquent, ils manquent aux services de base, comme le logement, l’eau, l’électricité, l’éducation et l’assistance médicale.
Quant au reste des Bédouins, l’état a, dans les années 70, adopté une politique claire et agressive consistant à les implanter dans des ghettos, où ils sont assignés à vivre dans la sédentarisation. Ainsi, il apparait qu’Israël refuse formellement de respecter les droits de ses propres citoyens. Dans le cas présent, les 100.000 personnes appartenant aux 46 villages non reconnus font partie des 1.5 million de la minorité palestinienne nationale et sont traités comme des citoyens de seconde classe en Israël.
D’autre part, en dépit des politiques constantes et répétées à travers lesquelles, Israël tente depuis 1948 de judaïser le Néguev, la Knesset se penche actuellement sur la possibilité d’entamer la dernière ligne droite en vue de modifier, une bonne fois pour toute, la démographie de la région pour pouvoir enfin renforcer le contrôle israélien sur la zone. (...)
le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, soucieux de résoudre définitivement ce « problème », va adopter des mesures extrêmes envers cette catégorie de la minorité arabe en Israël, restée dans sa patrie historique. Le plan qui a été approuvé par le cabinet israélien implique l’expulsion et le « relogement » de 30.000 des 100.000 Bédouins résidant les villages non reconnus. Ce n’est pas un hasard si ces conditions drastiques sont sur le point d’être mises en œuvre. (...)
Les cas sont nombreux et courants, dont le plus récent celui du village bédouin d’al-Araqib. Après des années de discussions juridiques auprès du tribunal d’instance de Beersheva, les habitants n’ont pas obtenu gain de cause en dépit de leur possession des actes notariés relatifs à leurs terrains et qui remontent à l’ère de la domination ottomane sur la Palestine. Et sans plus attendre, la réponse s’est fait entendre sur le terrain, puisque, en juillet 2010, les autorités israéliennes, accompagnées de l’Administration Foncière Israélienne (ILA : Israel Lands Authority), et plus de 1300 policiers ont détruit le village.
Dans un élan exceptionnel emprunt de fermeté et de détermination, la population d’al-Araqib a répondu à la toute première démolition en reconstruisant son village avec les propres mains de ses enfants. En réponse à ce courage, l’état est retourné raser le village une fois de plus, et depuis la dernière démolition, le village a été reconstruit à 29 reprises.
Cette détermination, faut-il le souligner, a posé un défi fondamental à un gouvernement israélien qui, apparemment, ne parvient pas à comprendre la nature de la puissance déchainée des gens dans la région au cours des neuf derniers mois. Du coup, la situation critique et déplorable du village est devenue le symbole de la lutte pour la terre opposant les autochtones et natifs du Néguev à l’état.
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En dépit de tout ce qui leur arrive, les bédouins continuent de mener des actions pacifiques contre ces politiques de dépossession et d’expulsion. Dans ce cadre, leur campagne consiste à s’opposer à l’application des recommandations du rapport Goldberg et Prawer à travers l’organisation de protestations dans les villages arabes du pays, ainsi que le boycott des différents plans du gouvernement. Les Bédouins ont également prévu d’organiser des manifestations au centre de Jérusalem.
Ceci étant, il convient de noter que la population autochtone locale n’est pas prête à renoncer à ses revendications ni à ses terres malgré les démolitions hebdomadaires des habitations. Les Bédouins continuent de hisser la bannière, exigeant leurs villages et la reconnaissance de leurs réclamations relatives à leurs terres.
C’est pourquoi, dans ce qui semble être une réaction naturelle face à la détermination des bédouins, l’état et ses organismes jouent sur la réorientation des politiques envers les autochtones, prouvant ainsi leur peur quant à d’autres pertes de terrains pour les colonies juives au Néguev.
Les faits indiquent que la population autochtone du Néguev n’acceptera pas facilement l’oppression de l’état, encore moins de s’en aller. (...) Wikio