
En prévision du One Climate Finance Day qui se tiendra mardi 12 décembre, une dizaine d’ONG ont organisé à Montreuil le procès de ces acteurs économiques pour dévoiler leur double discours.
Montreuil (Seine-Saint-Denis), reportage.
« Je déclare ce tribunal des peuples ouvert », lance Marie Toussaint depuis la scène. Au côté de Brett Fleishmann de 350.org et d’Aurélie Trouvé d’Attac, la présidente de l’association Notre affaire à tous va exercer avec ses deux camarades de lutte le sacerdoce de magistrat du climat le temps d’une soirée. « Nous, juges, avons reçu des plaintes. Nous ouvrons ce procès pour la justice climatique et demandons aux témoins de dire la vérité, toute la vérité. » L’un après l’autre, les différents plaignants vont se succéder à la barre, prêter serment et témoigner de leur combat pour la cause écologique, de leur confrontation aux mondes de la finance et des pouvoirs étatiques, et des répercussions qu’ils ont subi pour avoir osé s’engager.
Imaginé en réponse au One Planet Summit, organisé par le gouvernement français mardi 12 décembre à Paris, le tribunal des peuples impactés par la finance climaticide a ouvert ses portes à quelque 200 militants venus observer cette justice particulière.
Le premier plaignant s’avance. Philippe Assens est vigneron dans le Roussillon. Le ton calme et les mains serrées dans le dos. Il est venu « témoigner de la catastrophe écologique majeure » qui touche son corps de métier. (...)
Deuxième de cordée, Camille est venue de Bure, une terre « convoitée et occupé par l’Andra », pour dénoncer le projet d’enfouissement des déchet radioactifs, et le lobbying des « nucléocrates qui cherchent à l’imposer contre la volonté des personnes qui vivent sur place ». (...)
Mais l’impact de la finance sur le climat ne s’arrête pas aux frontières françaises. Revêtu d’une écharpe brodée de deux lamas, Rolando López Crisóstomo fait partie d’une délégation venue du Guatemala raconter comment les terres du peuple maya sont pillées par l’industrie minière et hydroélectrique avec l’aval de l’État. (...)
Lors de l’entracte, les doutes s’élèvent sur la pertinence de ce format théâtral. L’absence des accusés ou de décideurs économiques n’échappe pas aux participants. « On se retrouve entre militants et membres déjà acquis à ce type de cause », confie un spectateur. « Sans contradiction, on n’est pas sûr de la pertinence de ce débat, opine une jeune militante. La vraie question, c’est, comment toucher plus de gens ? »
Interrogés par Reporterre, les organisateurs du tribunal des peuples justifient leur approche : « La défense aura la parole dans l’ensemble du One Planet Summit, dit Nicolas Haeringer, chargé de campagne pour 350.org. À partir du moment où les acteurs de la finance et les États vont faire d’excellent discours pour dire qu’ils ont pris la mesure du réchauffement climatique, nous souhaitons mettre en évidence qu’il y a un décalage énorme entre les discours et les actes. Nous n’avons pas le droit de porter la contradiction au One Planet Summit, donc nous avions besoin de cet événement pour mettre en avant le double discours. » (...)