L’exportation de granulés de bois des Etats-Unis à destination des centrales à biomasse européennes est de plus en plus importante. Et ce ne sont plus les « déchets » de bois que les industries utilisent, mais des arbres entiers. Des écologistes américains tirent la sonnette d’alarme sur le risque de déboisement de forêts entières, notamment en Caroline du Nord.
À la fin du mois de mars, une coalition d’écologistes a organisé une manifestation devant le consulat britannique à Atlanta, aux Etats-Unis, afin de protester contre les exportations de granulé de bois, aussi connu sous le terme anglais de « pellet », vers les pays européens. Mais pourquoi ? Ce combustible n’est-il pas une énergie renouvelable et durable ?
Un "renouvelable" destructeur
Selon les écologistes, il s’agit d’un faux-ami. La plupart du bois utilisé pour le pellet, dénoncent-ils, est en effet issu des forêts du sud-ouest des Etats-Unis. Ce qui est en train de provoquer « un gigantesque déboisement de zones humides et de vallées entières », a expliqué au journal américain ThinkProgress Shelby White, l’un des organisateurs de la manifestation.
Le bois qu’on utilise en Europe comme énergie renouvelable détruit donc l’environnement ailleurs. (...)
Le Canada aussi semble vouloir miser sur ce secteur : en Colombie Britannique sera bientôt créé un site de production de pellet dont le but est d’exporter quasiment un million de tonnes de bois vers l’Asie.
Un rapport du Southern Environmental Law Center a révélé que depuis février 2015, au sud-est des Etats-Unis, des entreprises ont présenté plus de vingt projets d’exploitation des forêts afin de produire du granulé de bois. La même enquête révèle que dans les 65 000 hectares exploités par Enviva à Ahoskie (Caroline du Nord) se trouvent plusieurs zones humides, et qu’en Georgie, 50 000 hectares de forêt seraient désormais menacés.
Une activité émettrice de gaz à effet de serre (...)
Un risque de disparition des forêts états-uniennes
Pour dénoncer les risques liés à cette activité, les organisations non gouvernementales Dogwood Alliance, le Natural Resources Defense Council, BirdLife Europe et la coalition European Environmental Bureau, ont envoyé en décembre 2014 aux gouvernements européens la pétition « Save our Southern forests (SOS) ». Dans le document, signé par 50.000 citoyens américains, ils demandent à l’Europe de ne plus subventionner la biomasse et de se concentrer sur d’autres sources renouvelables. (...)