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Le grand retour de l’herboristerie
Article mis en ligne le 12 octobre 2016
dernière modification le 8 octobre 2016

Conseiller de l’huile de millepertuis contre les brûlures ou de la tisane de bruyère contre les cystites est interdit par la loi française. Pourtant, le savoir-faire des herboristes rencontre une demande grandissante. Depuis quelques années, ils se battent pour une réhabilitation de leur profession et la mise en place de règles, notamment de récolte des plantes sauvages.

(..) Du sous-bois à la boutique, l’herboristerie demande une grande polyvalence. « L’herboriste va reconnaître, traiter et conseiller les plantes ; il va être à la fois botaniste, cueilleur, producteur, conseiller et vendeur », énumère Patrice de Bonneval, fondateur de l’École lyonnaise des plantes médicinales. Ses remèdes sont destinés à soulager toutes sortes de troubles communs — problèmes digestifs, rhume, ménopause, stress, etc. Impossible néanmoins de réduire ce savoir-faire à une série de connaissances et de gestes techniques. « Nous faisons ce métier parce que nous aimons les plantes, la nature, que nous aimons les gens et que nous souhaitons les soigner », poursuit ce passionné, formé à la faculté de pharmacie de Nantes, conquis par l’herboristerie « après avoir rencontré un petit pépé en Vendée, avec son âne, son chariot rempli de plantes et ses livres. Je me suis dit que c’était trop joli, que j’avais envie de faire ça moi aussi ». (...)

Ce savoir-faire ancestral suscite un intérêt grandissant. Mina l’observe depuis son comptoir de l’herboristerie du Palais-Royal : « Il y a trente ans, nous recevions surtout des personnes d’un certain âge. Mais, depuis quelques années, il y a de plus en plus de clients ; des jeunes qui viennent pour des petits bobos comme de l’acné, des problèmes de mémoire, des troubles du sommeil… et qui ne veulent plus prendre de médicaments. » Pour Michel Pierre, gérant de l’herboristerie depuis quarante-cinq ans, « les gens veulent se soigner avec des remèdes simples, qui rendent possible l’automédication. Ils ont été échaudés par les derniers scandales dans l’industrie pharmaceutique. En parallèle, les préoccupations écologiques augmentent. » La démarche est citoyenne, quasi politique, confirme Thierry Thévenin : « À chaque chaos social, les gens reviennent aux plantes sauvages. »

Plus étonnant, les formations en herboristerie ne désemplissent pas. (...)

plus jeunes, de plus en plus d’hommes, des projets professionnels liés aux plantes. Et de plus en plus de monde (...)

Il n’y a aucune raison d’interdire ces plantes en l’état. La situation est bloquée par l’Ordre des pharmaciens, qui bénéficie d’un monopole aberrant et idiot ». Contacté l’été dernier par Reporterre, l’Ordre des pharmaciens n’a pas donné suite à nos questions. (...)

« Il faut veiller à ce que les plantes ne soient pas cueillies et utilisées à tout va. Avant, les gens cueillaient autour de chez eux et veillaient à en laisser pour l’année suivante. Maintenant, on voit des équipes de cueilleurs qui parcourent la France avec des camions frigorifiques ! Quand je vois la quantité de plantes nécessaires pour faire de l’huile essentielle, et qu’on en met dans la lessive… » Aujourd’hui, la tentation est trop grande d’acheter les mélanges de plantes interdits sur Internet, sans possibilité de tracer leur provenance. (...)

Synaplante travaille également sur un code de déontologie, lequel rappelle entre autres que l’herboristerie se place en complémentarité et pas en opposition avec la médecine allopathique. « Dans ma pratique de comptoir, il m’arrive très souvent de renvoyer les gens vers le médecin ou le pharmacien pour connaître le diagnostic, et de travailler en complémentarité avec le traitement », explique Jean-François Astier. « Je n’ai jamais entendu aucun herboriste dire qu’il fallait arrêter les médicaments, souligne Ida Bost. Même s’ils en disent du mal, ils disent qu’ils sont nécessaires pour soigner les pathologies les plus graves. »