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Le droit d’auteur est-il incompatible finalement avec le monde numérique ?
Article mis en ligne le 20 août 2013
dernière modification le 15 août 2013

(...) L’auteur individuel, qui signe son ouvrage, apparaît dans l’Antiquité avec l’écrit, et l’attribution de cet écrit à un individu. On connaît l’invention de l’auteur "Homère" pour lui attribuer l’Iliade et l’Odyssée, alors que la tradition orale antérieure se moquait de toute recherche en paternité d’une oeuvre, par définition collective. (...)

Si l’invention de l’auteur date de l’apparition d’oeuvres écrites dans l’Antiquité, le droit d’auteur est plus récent, puisqu’il date du XVIIIe siècle, et de la célèbre Société des Auteurs dramatiques, fondée par Beaumarchais en 1777, pour défendre précisément la propriété intellectuelle des auteurs et leur juste rémunération. Le droit d’auteur est donc lié à la propriété individuelle sur une production intellectuelle.

Alors, comment faisaient donc les auteurs pour vivre avant l’instauration du droit d’auteur ? De quoi tiraient-ils leur subsistance ?

La question prend aujourd’hui un intérêt nouveau avec Internet et la production numérique qui voit les auteurs musicaux et littéraires floués de leurs droits d’auteurs par le piratage, la copie sauvage et le libre accès public. Le droit d’auteur survivra-t-il à l’ère numérique ?

Deux options se dessinent :

 Renforcer les contrôles anti piratage, par des cryptages, des mots de passe, des paiements en ligne donnant droit d’accès, des taxes sur les supports numériques reversées aux auteurs, etc. Toutes ces mesures supposent un renforcement terrible d’un État policier et fiscal, totalement contradictoire avec la logique libérale d’Internet. À terme, c’est irréalisable, cela renforcera les ruses du piratage et de la fraude, et multipliera les conflits entre États et internautes.
- L’autre option consisterait à renoncer au droit d’auteur. Ce qui ne ferait qu’entériner la tendance actuelle à une baisse accélérée des droits versés aux auteurs. Sa création est historiquement récente et ne correspond plus au modèle de création et de diffusion d’Internet.(...)

Il faut se résoudre à un changement d’époque, à un changement de mode de production et de diffusion. Internet clôt l’ère de l’imprimerie, de la propriété privée intellectuelle et du droit d’auteur. Et, par une étrange ironie, il nous ramène à la condition ordinaire de l’auteur et de l’artiste durant deux mille ans, à savoir être sous la protection d’un mécène. Qui peut être un milliardaire, ou une entreprise, ou une fondation, ou une collectivité locale, ou une association. (...)

Les deux grandes époques humanistes de l’histoire occidentale, l’Antiquité gréco-romaine et la Renaissance, ont connu ce régime du mécénat. On ne peut pas se plaindre de la richesse de la création qu’elles nous ont laissée.

Il faut passer du droit d’auteur au devoir du protecteur, qu’il soit privé ou public.